Raconte-moi une histoire
Il n’y a pas que Kevin qui doit mettre des paillettes dans la vie de sa femme, il y a nous, aussi. Nous les communicant·es internes qui avons ce privilège de pouvoir toucher au cœur, avec la sincérité que seul·es celles et ceux qui n’ont rien à vendre peuvent avoir.
Par Pauline Moussalli, responsable de la communication interne de la ville de Mulhouse et de Mulhouse Alsace Agglomération.
Créer et maintenir du lien, impulser une culture bienveillante et joyeuse dans les relations au travail, favoriser l’esprit de solidarité et faire sens fondent la raison d’être de notre mission. Pour y parvenir, j’ai éprouvé un terrain de jeu idéal : faire rêver, faire rire et provoquer l’inattendu. La règle : savoir raconter des histoires.
Dans cette narration, nos collègues sont les meilleurs personnages que l’on puisse avoir. Les lieux, nos espaces de travail et d’action. Les intrigues : nos projets, nos réussites et nos défis collectifs. Et toute la panoplie des émotions pour habiller le récit, à utiliser sans modération. Sans oublier le suspense et les rebondissements que nos médias nous permettent !
Besoin de remercier les collègues œuvrant dans l’espace public ? Écrivons une comédie musicale, mettons-la en scène et amenons les collègues à chanter, danser, jouer !
Envie d’attirer l’attention sur un changement de pratique professionnelle ? Inventons un personnage mystérieux et trouvons quelqu’un d’assez téméraire pour enfiler une combinaison synthétique moulante sur son lieu de travail pour l’incarner.
Contraints de réduire nos interactions sociales ? Enregistrons et filmons un clip musical collectif à distance pour susciter des émotions partagées. Créons des parodies de nos publicités et émissions préférées pour entendre chaque matin les rires fuser des bureaux.
Le plus fou dans cette histoire, c’est de passer d’une idée insensée, d’un « délire sur papier » à une réalisation à la fois démente et réussie. Car, chaque fois, les collègues sont au rendez-vous de nos extravagantes propositions. Ils et elles enfilent perruques et costumes, apprennent leur texte, s’entraînent le week-end devant leurs enfants, pour donner vie à ces histoires en dépassant leur trac et leurs appréhensions. Dans le monde imaginaire de Peter Pan, il suffit d’y croire très fort. Dans le nôtre aussi.
Quel autre métier permet d’acheter des déguisements de grizzly, coudre des marionnettes, écrire et faire enregistrer des covers de chansons, sous l’œil bienveillant de sa hiérarchie qui apprécie de se faire un peu bousculer ?
Nos récompenses sont puissantes : des souvenirs communs qui nourrissent durablement les relations, et des émotions positives reçues en retour. Ces sourires qui s’étirent sur les visages que l’on croise, à la limite du clin d’œil de connivence, ces « Qu’est-ce que tu nous prépares encore ? », ces mails de candidature spontanée pour nous informer d’un « Si jamais tu as besoin, je sais chanter… ».
J’aime à penser qu’il ne s’agit pas de storytelling comme le marketing sait en créer, grâce à la fraîcheur et la spontanéité d’un récit qui n’a d’autre ambition que de libérer de l’endorphine. Même si, petit à petit, ces aventures narratives donnent le ton, comme des rendez-vous un peu hors cadre qui ajoutent au quotidien cette espèce de supplément d’âme que les belles histoires savent nous procurer.