Transition : la série vidéo de Lagraulet-du-Gers montre le champ des possibles
Une troll climato-sceptique parisienne en immersion dans une commune rurale durable et bio. Avec ce fil conducteur, Lagraulet-du-Gers réalise une web série sur ses actions, les valeurs et les acteurs qui les sous-tendent. Une mise en image pour inspirer les autres municipalités en leur montrant ce qu’une toute petite commune rurale arrive à concrétiser au quotidien en matière de transition alimentaire et environnementale.
Avec sa cantine bio, sa ferme municipale, son naturopôle... Lagraulet-du-Gers, commune rurale de 569 habitants, fait figure d’exemple pour les collectivités locales pour ses actions en faveur de l’environnement et de la santé. Une démarche qui ne date pas d’hier. Dirigée depuis une vingtaine d’années par Nicolas Méliet, agriculteur bio, la municipalité défend des valeurs environnementales fortes et a mis en place des actions durables qui fonctionnent au quotidien. Le modèle marche et la commune reçoit régulièrement la visite d’autres collectivités pour leur montrer ce qui a été mis en place. « Cela semble intéresser les municipalités, alors pourquoi pas le mettre en scène de façon différente pour montrer aux autres élus ce qui est concrètement réalisable », explique le maire. Le projet de web série est né et a été confié à La Boîte à jouer, une compagnie de théâtre d'une ville voisine. Pour faire passer le message différemment, la compagnie choisit la voie de l’humour et de l’autodérision, et met face à face la réalité tangible de la transition écologique à Lagraulet et le climato-scepticisme.
@jaimepaslebio, une troll parisienne à convaincre
Le premier épisode de la web série pose le tableau. Les élus y jouent leur propre rôle lors d’une séance exceptionnelle du conseil municipal pour s’attaquer au problème posé par @jaimepaslebio, « une troll parisienne climato-sceptique qui tourne en dérision toutes les actions de la commune », raconte alors le maire. « Persuadée que le réchauffement climatique est une grande farce, elle débite à longueur de journée sur internet les poncifs habituels sur le bio – c'est trop cher, on pourra pas nourrir tout le monde avec, personne ne peut m'empêcher de manger des cerises à Noël, enfin… les inepties habituelles », explique Victor, venu en aide aux élus. « Notre problème, c'est qu'elle a réuni tous les articles de journaux concernant les projets de Lagraulet, donc : la cantine bio, la ferme maraîchère, le drive fermiers, mais également des projets plus anciens comme le lotissement, le château d'eau ou alors le gîte communal, et puis… Eh bien voilà ce qu'elle écrit à leur sujet, je cite : “#onnousprendpourdescons, #hashtagbiopipeau, #jesuispasunlapin, Nouvelle lubie écolos bobos à Lagraulet-du-Gers, le maire passe la cantine en bio, qui va payer le surcoût ?” »
Plutôt que de répondre sur les réseaux sociaux, décision est prise d’aller chercher @jaimepaslebio à Paris et de la ramener pour une semaine en territoire rural.
La web série illustre l’immersion de Clothilde, une jeune femme parisienne revêche, persuadée de rapporter des élements pour étayer son discours. Elle partage le quotidien des habitants de ce petit village rural, qui jouent leur propre rôle à l'écran. Les épisodes égrainent les différents champs d’action durable de la commune que l'invitée découvre malgré elle au fil de son séjour. « Nous avons commencé par la cantine, une réalisation qui nous tient à cœur », précise Nicolas Méliet. « Nous souhaitons mettre en avant les valeurs défendues derrière ce projet. »
Valoriser les acteurs de la transition
Le récit de l’expérience de @j’aimepaslebio est ponctué d'interviews de ceux qui participent à la réalisation de ces actions durables : le maire et les conseillers municipaux, la cuisinière de la cantine, l’agent communal chargé du potager municipal, mais aussi les partenaires qui accompagnent la commune depuis longtemps, comme notamment l’organisme de certification bio Écocert qui a co-produit les deux épisodes de la série vidéo consacrés à la cantine bio. Des témoignages qui éclairent sur les arbitrages entrepris par cette petite collectivité pour se donner les moyens nécessaires, et qui soulignent l'importance des personnes qui font vivre au quotidien les projets. « Cette immersion témoigne que la transition alimentaire et environnementale des territoires est possible lorsqu’on le décide, à l’échelle des petites, comme des grandes communes », explique la commune sur son compte Facebook.
Lagraulet-du-Gers, récompensée d'un Hashtag pour sa campagne d’attractivité
La petite commune rurale du Gers se déploie sur plusieurs réseaux sociaux avec succès depuis seulement deux ans, mais elle n’en est pas pour autant à son galop d’essai. En septembre 2021, elle remporte un Hashtag de bronze de l’Observatoire socialmedia des territoires dans la catégorie campagne d’attractivité pour son opération de recrutement d'un médecin généraliste. Dans un post Facebook, elle a mis en avant ses nombreux atouts – maison de santé éco-conçue prête à accueillir le futur praticien, cantine du village 100 % bio, infrastructures éco-conçues, sites touristiques, etc. – et la qualité de vie autour de la « ruralité positive ». Le post a touché plus de 48 000 personnes avec 464 partages à ce jour. Souhaitons que la web série de Lagraulet connaisse le même destin.
Essaimer les initiatives auprès des nouveaux élus
La diffusion de la web série a débuté mi-décembre sur la chaîne YouTube de la commune et est relayée à chaque épisode par un post sur les comptes Facebook, Twitter, Instagram et LinkedIn de la commune par l’agent chargé de l’animation des supports numériques de la ville. Un relais qui vise à atteindre la cible principale de cette action : les élus. « Merci de partager afin que Lagraulet puisse servir d’exemple aux communes qui hésitent encore », invitent les posts. « Notre objectif : les convaincre que l’on peut faire différemment, que l’on peut économiser de l’argent pour le mettre sur ce type d’action durable », explique l’édile. « Et parmi les nouvelles équipes municipales élues lors du dernier scrutin, un certain nombre y réfléchissent. »