Trois jeunes sur quatre ne connaissent pas le nom de leur maire
À l’occasion du 100e congrès des maires de France, une étude révèle un déficit de notoriété des édiles. La communication des élus et de la collectivité passerait-elle à côté d’une part importante des habitants ? À mi-mandat municipal, ces chiffrent interpellent.
Le 100e congrès des maires, qui s’est tenu la semaine dernière, fut l’occasion de célébrer les communes « piliers de la République décentralisée ». Les 15 000 maires réunis à Paris y ont rappelé leur rôle de « fantassins de la République ». Un fantassin qui reste pourtant un inconnu pour bon nombre de citoyens.
Pourriez-vous citer le nom de votre maire ? À cette question toute simple, seulement la moitié des Français répond positivement. Selon un sondage Ifop/Courrier des maires (*), 51 % citent correctement son nom, 10 % se trompent de nom et 39% avouent ne pas pouvoir nommer leur maire. À mi-mandat municipal, ces chiffrent interpellent. Certes le maire reste l’élu en qui les citoyens ont le plus confiance et cette confiance, qui a chutée ces dernières années, semble aujourd’hui se ressaisir. Mais paradoxalement la notoriété du maire reste faible. Serait-ce la faute de la communication ? Regardons de plus près les chiffres. La notoriété du maire ne dépend pas de l’appartenance politique de ses électeurs. Seuls les électeurs du FN semblent moins connaître leurs élus. La notoriété dépend de deux autres critères, l’âge et la taille de la commune.
La fracture générationnelle
La fracture est d’abord générationnelle. Le maire reste inconnu de la plupart des jeunes de sa commune. C’est ce que révèle ce sondage. Seulement 25 % des 18-24 ans et 33 % des 25-34 ans sont capables de citer le nom de leur maire. Une raison de plus pour se pencher sur ce public dont les attentes, les modalités de participation et les usages en matière d’information sont à prendre en compte. Cette année, le Forum de la communication publique du Havre, dont le thème central est la jeunesse, devrait apporter des éléments de réponses.
Triple fracture territoriale
La fracture est aussi territoriale. D'abord liée à la taille de la commune. Dans les communes de moins de 10 000 habitants, le maire est connu par 61 % de ses habitants. Un chiffre qui chute plus la population de la commune est importante, pour atteindre 47 % dans les communes de plus de 100 000 habitants.
Mais la fracture est aussi liée à la typologie de la commune. Dans les villes-centres, le maire est connu par 48 % de ses administrés, dans les banlieues modestes par seulement 38%.
Enfin, la notoriété moyenne du maire n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire. Certaines régions tirent la moyenne vers le bas, comme l’Occitanie ou l’Auvergne-Rhône-Alpes, moins de 45 % des habitants y connaissent le nom de leur maire. D’autres s’en tirent mieux comme le Centre-Val de Loire ou la Bretagne. Un satisfecit doit être donné aux communes de la région Hauts-de-France. Ce territoire, peu privilégié qui compte une population plus modeste que la moyenne, se distincte nettement : 68 % des habitants y connaissent le nom de leur maire.
L’impact de la communication publique
Selon ce même sondage, 61 % des habitants se déclarent satisfait de leur maire. Cette satisfaction, quelque soit le profil des habitants, catégorie socioprofessionnelle, âge, appartenance politique, oscille autour de ce chiffre sans différences significatives.
Toutefois, la lecture du magazine municipal influe très nettement sur l’appréciation de son maire. Près de trois quarts des lecteurs réguliers sont satisfaits de leur maire, alors que ceux qui ne sont pas touchés par ce support, qui déclarent ne jamais le lire, ne sont pas plus de 50 % à apprécier leur maire.
De même, la relation de proximité avec son élu est déterminante. Parmi les habitants qui ont eu l’occasion de parler à leur maire au moins une fois sur les trois dernières années, 72 % se déclarent satisfait de son action. Ceux qui n’ont pas eu l’occasion de le croiser, ne sont plus que 56 % à porter une appréciation positive.
Renforcer la communication des élus
Une enquête réalisée en 2014 par Cap’Com auprès des maires nouvellement élus révélait que deux tiers d’entre eux se jugeaient insuffisamment compétents en matière de communication. Un constat renforcé par une étude similaire conduite cette année par Cap’Com auprès des directeurs de cabinet. 94 % des dircabs reconnaissent que la communication de leur collectivité devrait être renforcée. Ceci passe, selon eux, par une plus grande sensibilisation des élus à la communication. Des élus qui devraient, selon leurs dircab, renforcer leur capacité à prendre la parole en public et améliorer la gestion de leurs relations avec les médias. Mais aussi des élus qui devraient, toujours selon leurs dircabs, mieux se former à l’utilisation des réseaux sociaux et apprendre à mettre en œuvre des démarches de concertation.
Communicants publics et collaborateurs de cabinet partagent une même vision. L’incarnation du pouvoir est une nécessité et la communication est là pour y contribuer, pourvu que les élus la portent.