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Trois questions à se poser avant d'en choisir un autre

Publié le : 2 mars 2023 à 07:18
Dernière mise à jour : 2 mars 2023 à 14:34
Par Marc Cervennansky

Tu m'as ouvert l'esprit, tu as titillé ma curiosité, et parfois fait passer des nuits blanches collé à toi. Tu m’as énervé et tu m'as rendu accro. Mais là, ça n'est plus possible. J'ai envie de t'abandonner. Tu deviens infréquentable. Et je te suis désormais de plus en plus infidèle.

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Par Marc Cervennansky.
@cervennansky

Et vous, vous en êtes où avec votre futur-ex réseau social préféré ? Envie de l’abandonner, de changer aussi ? Bon, ici je ne parle pas de vos pratiques personnelles, cela ne me regarde pas ! J’évoque l’usage professionnel de vos réseaux sociaux et des polémiques qui agitent les plus importants d’entre eux.

Parce que vous, je ne sais pas comment ça va, mais du côté d’Elon Musk et de Mark Zuckerberg, c’est pas terrible terrible. Depuis que le premier a racheté Twitter, c’est la bérézina. Licenciements en masse, passage au mode payant, fermetures intempestives de comptes osant critiquer les décisions du nouveau patron et réouverture du compte de Donald Trump. N’en jetons plus, la coupe est pleine. Les médias annoncent une fuite massive des abonnés de l’oiseau bleu.

Du côté de Facebook et Instagram, ça ne rigole pas beaucoup non plus. L’entreprise mère, Meta, perd des centaines de millions de dollars depuis que Mark pense que l’avenir est dans le métavers. Et ne parlons pas des convocations du patron devant différentes instances nationales ou internationales suite à plusieurs scandales ou au non-respect des règlements de protection des données personnelles.

D’autres raisons peuvent nous pousser vers la sortie

En dehors des considérations morales liées à l'utilisation de ces réseaux sociaux, d’autres motifs peuvent nous pousser vers la sortie :

  1. Diminution de la portée organique : les conséquences des algorithmes nous rendent moins visibles et nous incitent à faire chauffer la carte bleue pour promouvoir nos contenus. De moins en moins d’abonnés voient nos publications organiques.
  2. Effet de saturation : les écrans de nos abonnés sont saturés de publications. Il y a tellement de contenus à disposition qu'il devient ardu de se démarquer, surtout si nous n'avons pas un contenu de qualité ou une stratégie efficace.
  3. Changements de comportement des abonnés : les utilisateurs de réseaux sociaux sont de plus en plus méfiants envers les acteurs institutionnels. Ils sont moins enclins à interagir ou ils sont agressifs.

Avec toutes ces raisons, cela vous donne comme une envie d’aller voir ailleurs, non ?

Mais voilà, quand on est habitué à vivre avec quelqu’un, pas évident de faire ses valises. Et aujourd’hui vous êtes toujours présents sur Twitter, Facebook et Instagram. Il existe pourtant des alternatives, des réseaux qui se veulent plus éthiques, par exemple.

Une décision à ne pas prendre à la légère

Dès 2017 je vous parlais de Mastodon, l’alternative à Twitter, ouverte, libre et décentralisée. Cinq ans plus tard, ben… pas grand-chose du côté du mammouth, qui peine encore à convaincre.

Alors oui, il est pertinent de s’interroger sur notre éthique à toujours être présents sur Twitter. Mais pour la collectivité qui m’emploie, faire le choix de quitter un réseau avec plus de 100 000 abonnés, pour une cinquantaine d’abonnés sur Mastodon, c’est une décision à ne pas prendre à la légère.

Même questionnement pour Facebook et Instagram. Faut-il les quitter pour d’autres plateformes : TikTok, Snapchat, Twitch, BeReal, ou Storker qui ambitionne de devenir le Twitter européen ?

Les trois questions à vous poser

Avant de faire le grand saut pour investir un nouveau réseau social, vous devez vous poser trois questions :

  1. Les abonnés de vos réseaux sociaux actuels sont-ils déjà présents sur cette nouvelle plateforme ? Et existe-t-il une masse critique suffisante d'utilisateurs pour y déployer sa communication ? Vous pouvez sonder vos abonnés actuels pour le savoir. Mais vous pouvez aussi assumer un choix stratégique de vouloir toucher un nouveau public qui ne vous suit pas.
  2. Quels efforts êtes-vous prêt à faire pour bâtir une nouvelle communauté sur ce réseau social ? Ce n'est pas parce que vous allez vous créer un nouveau compte que les nouveaux abonnés vont naturellement affluer en masse. Il faudra communiquer massivement sur vos supports, sans doute même passer par des publications payantes pour atteindre rapidement une audience significative.
  3. Vos abonnés sont-ils prêts à vous suivre sur un nouveau réseau social ? Ayez à l'esprit que vos abonnés ne vous suivent pas sur Facebook uniquement pour ce que vous avez d’intéressant à leur raconter. Ils visualisent les flux d’une multitude d’autres comptes. Avec un peu de chance et de talent, vous arriverez de temps en temps à capter leur attention pendant quelques secondes. Mais ils ne vont pas quitter leurs réseaux sociaux favoris uniquement pour vous suivre ailleurs.

Vous l’avez compris, abandonner un réseau social à l’audience bien établie, pour un nouveau, cela ne va pas de soi. Ici je parle bien d’abandonner un réseau, pas d’en ajouter un de plus à ceux que vous animez déjà !

Identifier le bon levier pour effectuer la bascule

Il est nécessaire d’identifier le levier principal qui va rendre pertinente la bascule vers le nouveau réseau que vous aurez choisi :

  1. Vous apportez une réelle plus-value pour votre public cible sur ce réseau : un nouveau ton, un positionnement différenciant, une nouvelle offre, une fonctionnalité qui n’existe pas sur les autres plateformes où vous êtes présent.
  2. Peu de collectivités, au niveau national ou local, sont présentes sur ce nouveau réseau social. Vous pouvez alors créer le buzz pour faire parler de vous dans les médias. Mais attention, la fenêtre de tir peut être assez courte pour bénéficier du statut de pionnier. Et vous avez intérêt à bien maîtriser et adopter les codes associés à ce réseau. Histoire de ne pas vous planter et que cela ne tourne pas au bad buzz.
  3. Vous adoptez l’attitude de 99,9 % des collectivités : vous attendez, vous observez et vous vous lancez quand tout le monde y est et qu’il n’y a plus grand risque à s’y aventurer. Avec le risque de ne plus être très original.

Alors, préférez-vous maintenir une relation fidèle et routinière, potentiellement toxique, ou êtes-vous prêt à sauter le pas et à prendre le risque de faire de nouvelles rencontres ?

Illustration : photo de Everton Vila sur Unsplash.