Un happening de Nantes sur l'égalité femmes-hommes crée de l’incompréhension sur les réseaux sociaux
Pas facile de faire de la compublique sur des sujets de société à l’heure des réseaux sociaux ! Fin novembre, la ville de Nantes installe un panneau séparant les hommes et les femmes dans le cadre d’une opération de sensibilisation à l’égalité femmes-hommes. Une initiative d’abord mal comprise sur les réseaux sociaux...
Jeudi 22 novembre 2018, la ville de Nantes installe au milieu de la rue de la Paix une pancarte indiquant aux hommes de marcher sur le côté gauche de la rue et aux femmes sur le côté droit. Un panneau simplement composé d’un picto "homme" sur fond bleu d’un côté et d’ un picto "femme" sur fond rouge de l’autre, et d’une pancarte précisant "Zone d'expérimentation" avec le logo de la ville de Nantes. Des médiateurs de la « Brigade de protection » de la ville étaient également présents pour inviter les hommes et les femmes à marcher chacun de leur côté à partir du panneau.
Le dispositif fictif est déployé pendant seulement deux heures, le temps pour la ville de faire des photos et des vidéos pour une opération de sensibilisation à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.
Les réseaux sociaux s’emballent
La démarche est relayée sur les réseaux sociaux par Big city life, un média associatif culturel nantais, partenaire de la ville sur certains événements qui accompagne une photo du panneau du commentaire « Dans les rues de Nantes . Détail en story sur cette installation de la ville de Nantes #naoned #nantesegalite #nonauxviolencesfaitesauxfemmes #street #bigcitylife » La photo de la pancarte sur le post Instagram suscite rapidement de nombreux commentaires indignés et de l’incompréhension.
La polémique s’étend sur twitter et s’amplifie lorsque l’AFP factuel (le service de fact-checking de l’agence de presse) publie un tweet vendredi, expliquant que la photo est « bien vraie ». Un post commenté près de 900 fois, notamment par des personnalités politiques de droite et d’extrême droite et suivi par un deuxième message dans lequel l’AFP explique l’origine de la démarche de la mairie de Nantes,mais qui lui ne comptabilisera que 80 retweets quand le premier a déjà été partagé 700 fois.
Le média Big City life a rapidement posté un message sur les réseaux sociaux pour indiquer « C’est un fake bien sûr », et a publié quelques jours plus tard une mise au point sur son site. La ville de Nantes a répondu sur Twitter : « Bonjour, cette action de sensibilisation est volontairement caricaturale pour montrer que la solution pour l’égalité et lutter contre les violences faites aux femmes n’est pas dans la séparation entre femmes et hommes mais dans la mobilisation, ensemble ». Le mardi suivant, elle a mis en ligne la vidéo réalisée dans le cadre de cette opération de sensibilisation, qui montre en caméra cachée les réactions des passants devant le panneau et les explications des médiateurs.
Interpeller dans l’espace public
« L'objectif était de jauger les réactions des gens "pour expliquer que l'espace public ne peut pas être divisé". Et "montrer en quoi c'est gênant qu'on ne laisse pas la place aux femmes" dans l'espace public » a précisé la ville. « Nous croyons beaucoup à la mise en situation sur l’espace public pour expliquer tel ou tel sujet. Il y a matière à mieux faire comprendre les enjeux » a expliqué dans la presse Xavier Crouan, directeur général à l'information et à la relation au citoyen de la ville de Nantes. « On a évidemment eu des réactions négatives, davantage sur le plan national que local. Mais on a répondu quasiment systématiquement aux tweets qui s’interrogeaient. Et quand on leur expliquait, les gens étaient plutôt ravis et enthousiastes. Il y a eu beaucoup de commentaires positifs. »