Une compublique puissante au Québec

On aurait pu faire un parallèle avec l’édition du Forum Cap’Com de Toulouse, tant on retrouvait ici des sourires et une impression de retour en force post-Covid. Là aussi, ces bouleversements ont eu des répercussions sur plusieurs années. Lévis, ville des rives du Saint-Laurent qui fait face à la capitale historique, était un retour au cycle des colloques, après la déprogrammation de l’édition 2020. La présidente de cette association, Annie Lafrenière, a salué lors de son allocution d’ouverture la présence de Cap'Com et ouvert les trois jours de travaux en notant que c’est la plus grande édition de leur rencontre avec plus de 300 inscrits : « De plus en plus de petites villes ont au moins une personne-ressource en communication, notre profession prend du galon ! » Pour son collègue, Sébastien Turgeon, « c’est une profession qui a littéralement explosé. Tout le monde communique, oui, mais tout le monde n’est pas professionnel ! ».
On ne dirait pas mieux. Mais nos collègues québécois restent modestes et considèrent encore que cette profession est en manque de reconnaissance et que la fonction communication reste souvent fragile et à réaffirmer. Pourtant, ils étaient, proportionnellement, deux fois plus présents que nous ne le sommes lors de notre Forum annuel. Et on note de plus en plus d’exemples de communicants qui accèdent à des fonctions de direction générale. À l’image de Stéphanie Bélisle, directrice générale à la ville de Lorraine, qui a reçu le prix Distinction 2024 en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la profession et à l’ACMQ.

« La communication est une compétence clé des futurs gestionnaires »

Cette réalité repose sur un constat, que l’on peut faire également en France : les communicants, à force de travailler pour vulgariser les questions pointues d’urbanisme, sociales, scolaires, environnementales, etc., et d’accompagner les équipes dans la mise en œuvre de ces politiques publiques, finissent par en comprendre les mécanismes, les enjeux, le langage et sont relativement familiers avec les disciplines de l’action publique locale, depuis les finances publiques jusqu’aux projets culturels. De là à passer à la coordination générale, il n’y a qu’un pas, très difficile à franchir en France (à l’exception de quelques collègues à Nîmes ou à la ville de Maule) – car notre pays valorise plus les diplômes et les concours que les carrières souples, les compétences et l’expérience –, mais semble-t-il plus facile à franchir dans le cadre canadien. Pour Anne Dionne, trésorière de l’ACMQ, la communication est une compétence clé des futurs gestionnaires. « C’est ce que j’ai appris lors d’une formation de l’Association des maires du Québec pour les futurs directeurs généraux des services, que j’ai suivie récemment. »

Alors, même s’il y a ici aussi des hauts et des bas pour la communication et la relation citoyenne – comme cela a été analysé au cours des trois jours de ce colloque riche, dense et inspirant pour tous –, les communicants publics produisent plus et contribuent mieux au dialogue et à l’accompagnement des politiques publiques. Comme l’a résumé le conférencier d’ouverture du colloque le mercredi 5 juin, le sportif Sébastien Sasseville, « c’est pas parce que ça va mal que ça va pas bien ». Autrement dit, dans l’épreuve nous pouvons puiser une force de mouvement et en tirer des leçons. Des paroles réconfortantes en ce moment.

Un palmarès 2024 des Plumes d’excellence révélé et révélateur

La révélation du palmarès 2024 des Plumes d’excellence a largement illustré ce propos. Plusieurs finalistes présentaient des actions lors de crises aiguës, comme à propos d’une interruption longue de la distribution de l’eau potable, ou sur des enjeux de transition. Le délégué général de Cap’Com a remis la Plume d’or dans la catégorie « Identité visuelle, marketing territorial et image de marque » à la ville de La Tuque pour sa campagne « La Tuque – Vraie dehors comme dedans ». Cette campagne a ensuite reçu la Grande Plume, l’équivalent de notre Grand Prix. Point commun y reviendra largement dans un entretien à paraître avec Hélène Langlais, la dircom de cette commune éloignée des grands centres, en Mauricie. Un territoire avec deux communautés atikamekw (amérindiennes) de 30 000 km², aussi grand qu’un pays comme la Belgique !

Le jury de cette édition, présidé par un ancien président de l’ACMQ (2013-2020), Louis Latraverse, a également décerné un coup de cœur à la municipalité des Îles-de-la-Madeleine, pour une campagne choc sur les propos irrespectueux dont les employés municipaux sont victimes. Un sujet en parfaite résonance avec les préoccupations en France, comme nous le notions il y a un an. Ce qui montre, s’il en était encore besoin, la symétrie de nos approches et de nos travaux. Pour vous en convaincre, voici le palmarès complet des Plumes d’excellence 2024.