Vive le papier !
« Et, si, finalement, l’émergence du numérique, loin de tuer le papier, nous forçait à lui donner sa “vraie” place et nous permettait au contraire de lui offrir une cure de sens… et de jouvence. » Dans la précédente newsletter, Benjamin Teitgen concluait ainsi sa démonstration sur la complémentarité print-web. Argumentaire complémentaire…
Par Alain Doudiès, consultant en communication publique, ancien journaliste, membre du Comité de pilotage de Cap’Com.
Désormais c’est clair : ne jetons pas le papier au panier !
Le numérique n’épargne pas la planète
L’idée que le digital est un modèle écologique a été balayée. En 2017, un rapport de Greenpeace a évalué à 7 % la part de consommation énergétique de l’internet mondial. L’ONG a estimé que ce chiffre pouvait tripler… d’ici à 2020 et atteindre 20 %. La navigation sur le réseau, le stockage de données… et les différents usages consomment une quantité croissante d’énergie. Écoute de musique en ligne, visionnage d’un film en streaming, navigation dans un site comportant beaucoup d’images, maintien des mails dans la boîte de réception : autant de pratiques dévoreuses d’énergie.
Le papier recule, mais garde une belle position
Au niveau mondial, la consommation de papier chute, en moyenne, de 6 à 8 % par an. En France, selon une étude de l’IREP (Institut de recherches et d’études publicitaires), le papier pèse lourd dans les investissements publicitaires : en 2018, 906 millions d’euros pour le courrier publicitaire et 621 millions pour les imprimés sans adresse, alors que la radio représente 701 millions de dépenses et le cinéma 92. Si les marques gardent ainsi le papier en haut de la pile, ce n’est pas par habitude ou par négligence sur le retour sur investissement.
Le papier touche les intouchables du numérique
Quand il s’agit d’atteindre largement et complètement tous les publics… sans ignorer la fracture numérique ni la facilité d’accès et d’usage, le papier est là. « Avant de supprimer le papier, il faut faire attention à ne pas laisser du monde au bord du chemin », résume, sans détours, Sophie Palès, déléguée générale de l’Association française de communication interne.
Le papier fait positivement la différence
À la banalisation du numérique on peut opposer l’exceptionnel du papier, de même qu’une lettre, a fortiori si elle est personnelle, se distingue d’un mail passe-partout. Un rapport d’activité imprimé haut de gamme, un dossier de presse réalisé avec soin, une publication de qualité se distinguent du tout-venant numérique.
Le papier laisse place à tous les sens
La vue : la beauté d’une mise en pages, éclairée de l’avant, dans le mouvement du regard, et non pas de l’arrière, comme sur un écran ; l’ouïe : le léger bruissement du feuilletage ; l’odorat : quelquefois, le subtil mélange des parfums du papier et de l’encre ; le toucher : le ressenti du grain ou du velouté du papier. L’agrément de lecture et la prise en main du support papier créent une relation particulière. Rien à voir avec le froid rapport avec l’écran de l’ordinateur. Avec la chose imprimée, tout est sensible et sensuel.
Longue vie au papier !