Dircab - dircom, le tandem communicant
La communication, ils en font. Quand les dircab s’expriment sur la communication de leur collectivité, ils soulignent l’importance qu’ils lui accordent sans s’encombrer de ce qui relèverait du politique ou de l'institutionnel. Les résultats de l’enquête inédite Cap’Com/ComPol révèlent aussi leurs relations avec les communicants de leur collectivité : des rapports cruciaux et pas toujours simples à animer.
Les maires, les présidents de communauté, de conseil départemental et de conseil régional peuvent recruter des collaborateurs de cabinet pour les assister. La loi du 26 janvier 1984, qui a créé cette possibilité, n’a pas donné de définition du rôle et des missions de ces collaborateurs. Sous l’autorité directe du politique, ils sont recrutés par choix discrétionnaire pour assurer des fonctions politiques et de conseils impliquant une position hors de la hiérarchie administrative traditionnelle.
Communication politique ou communication publique : la vision équivoque des dircab
Les missions d’un cabinet, très diversifiées, sont politiques (collaboration avec les élus, relation avec les formations politiques, stratégie et « plume »), administratives (prise en charge de dossiers, relations avec des institutions, suivi d'initiative politique) et de gestion (organisation, agenda…). Par exemple, le cabinet du maire de Quimper, président de Quimper Bretagne Occidentale, est chargé de l’agenda, des activités des élus, des études diverses, des relations publiques et des relations avec les partis, les organisations d'élus et les cabinets ministériels et de collectivités locales. Mais à Quimper le cabinet a aussi la responsabilité de la communication externe : « le directeur de cabinet pilote la direction de la communication qui propose une stratégie globale de communication, assure sa mise en œuvre et son évaluation. Il veille à la cohérence et à l'efficacité de l'ensemble de la communication des collectivités ». Dans les missions du cabinet, la communication est toujours omniprésente. Selon l’enquête (1) réalisée par Cap’Com et ComPol, avec les associations Dextera et Dircab, les collaborateurs y consacrent le plus souvent près de la moitié de leur temps de travail, 1/3 d’entre eux avouant y consacrer une large majorité de leur temps.
Mais que contient, selon les dircab, la communication qui les occupe tant ? Lorsque l’enquête le demande aux collaborateurs de cabinet, la vision de la communication politique semble large.
Sans contestation possible, pour 68 % d’entre eux, la rédaction des discours et d’éditoriaux, et l’animation des réseaux sociaux de leurs élus, sont du ressort exclusif de la communication politique. La communication sur le projet de l'exécutif (réunions, bilan...) est aussi exclusivement de la communication politique pour 39 % ou plutôt de la communication politique pour 47 %. De même, les relations presse et les relations publiques de leurs élus avec les réseaux institutionnels, associatifs et politiques appartiennent aussi à la communication politique, exclusivement pour 48 % ou plutôt pour 46 %.
Mais qu’en est-il par exemple des relations presse et médias de la collectivité ? Ils sont encore une majorité - 57 % - à situer cette mission plutôt dans la communication politique. Plus étonnant encore, la communication de crise est pour 87 % des collaborateurs plutôt du ressort de la communication politique.
Alors que regroupe donc la communication institutionnelle de leur collectivité ? Pour les collaborateurs de cabinet, elle comprend bien évidemment tout ce qui touche à l'image, la charte graphique ou au logo de la collectivité. 88 % place cette mission dans la communication institutionnelle. 67 % d’entre eux déclarent que la réalisation des publications (magazine, journal, lettre) de la collectivité et 70 % que la communication numérique de leur collectivité (site institutionnel et pages et comptes officiels sur les réseaux sociaux), sont plutôt du domaine de la communication institutionnelle. De même pour la communication interne de la collectivité (89 %).
Mais d’autres missions sont plus partagées et dévoilent la capacité des cabinets à assurer une bonne part de la communication institutionnelle de leur collectivité. Par exemple, la démocratie locale, la concertation, les instances participatives, sont du ressort de la politique ou de institutionnel ? Pour 2/3 des dircab, c’est politique et pour 1/3 institutionnel. La communication financière et budgétaire ? C’est 50/50 ! Le protocole dans l'organisation des cérémonies, des manifestations, des fêtes ? C’est 55/45.
Rien d’étonnant donc si la communication politique et la communication institutionnelle de la collectivité apparaissent interdépendantes. Seul 1/3 des collaborateurs de cabinet font la distinction entre la communication qui relève du cabinet et celle qui relève du service de la communication. Et ils sont près de 20 % à considérer que la communication politique et la communication institutionnelle relèvent du seul cabinet. Mais plus majoritairement, pour un dircab sur deux, la communication politique et la communication institutionnelle relèvent conjointement du cabinet et du service de la communication. Une position qui nécessite une bonne articulation ente cabinet et direction de la communication.
Le dircom, partenaire incontournable du dircab
Pour le dircab, les questions de communication sont débattues avec deux interlocuteurs prioritaires. Avec ses élus, dont il est naturellement très proche. Pratiquement tout les dircab abordent la communication avec leur maire ou leur président, et bien souvent aussi avec d’autres élus. À côté des élus, le dircom ou le responsable du service communication de la collectivité est un interlocuteur tout aussi régulier. En revanche, l’enquête laisse apercevoir des relations assez distantes en matière de communication entre la direction de la collectivité, DGS ou DGA, et le cabinet.
Quelle organisation privilégier pour assurer ce lien essentiel entre communication et cabinet. Il n’y a pas de modèle type. De nombreux responsables de communication dépendent de l’exécutif, ce qui permet une relation étroite avec le Cabinet. Certains cumulent les fonctions de dircab et de dircom, au sein du cabinet et à la tête d’une direction de la communication. Mais de plus en plus de services communication sont rattachés à la direction générale. Un rattachement administratif pertinent qui permet de mener la communication publique de la collectivité sans dépendre d’un lien fusionnel avec l’exécutif. Le double rattachement, cabinet/direction générale, est aussi fréquent.
De l’avis des dircab, il y a bien deux acteurs, deux entités, la direction de la communication et le cabinet des élus. Et pour bien fonctionner ensemble il y a deux solutions. Pour 42 % d’entre eux la fonction communication doit être assurée par un service rattaché au cabinet, pour 40 % d’entre eux, la fonction communication doit être assurée par un service rattaché à la fois au cabinet et à la direction de la collectivité. Peu d’entre eux, 13 %, souhaitent que la fonction communication soit intégrée au cabinet, ce qui reviendrait à dire qu’ils en ont la charge.
Conduire en tandem la communication de l’institution élue, tel est leur objectif commun. La compréhension du métier et des mission de chacun doit le permettre. Tel est l’objectif de cette étude
« Les amours contrariées de la com publique et de la com politique », au Forum Cap’Com
Cette étude sera présentée au Forum Cap’Com de la communication publique, au Havre, le 7 décembre prochain. « Les amours contrariées de la com publique et de la com politique », une table ronde autour de Jean-Michel BERNABOTTO, directeur de cabinet de Blois Agglomération, représentant de l'association DirCab, Pierre CHAVONNET, directeur du pôle marques & transformation d'Occurrence et maire de Gerberoy (Oise), Alexandre MORA, directeur de cabinet de la ville et de l'agglomération de Reims et président de l’association Dextera, Laurent RONIS LE MOAL, directeur de cabinet de la Région Normandie, et animé par Jérôme VALLETTE, directeur de la rédaction de ComPol.
**La communication vue par les collaborateurs de cabinet des collectivités territoriales. ** *Enquête réalisée en octobre 2017 par Cap’Com, l’association professionnelle des communicants publics et territoriaux, ComPol, le média expert de la communication politique, en partenariat avec Dextera, l’association des collaborateurs de cabinet de la droite et du centre et Dircab, l’association des directeurs de cabinet des collectivités locales à direction socialiste et républicaine, et avec l’expertise d’Occurrence, cabinet d’études et de conseils spécialisé dans l’évaluation de la communication. Questionnaire conduit en ligne auprès des collaborateurs de cabinet, dircab et sur la base de 191 réponses obtenues auprès des dircab ou collaborateurs de cabinet des grandes collectivités locales.