Ah, les super-héros…
Autrefois symboles d'aventures palpitantes et d'idéaux élevés, ils tendent à devenir les mascottes un peu éculées de nos campagnes de communication publique.
Par Enora Lelu, cheffe de projet apprentie chez Boréal Communication, et Bruno Lafosse, président de l’agence, rédacteur en chef de L’Inspiration politique et membre du Comité de pilotage de Cap’Com.
Au départ, il faut reconnaître que le concept était excitant. Rappelez-vous Grenoble et son « Super Tri » ! Produite en interne, cette campagne transformait un monsieur tout le monde en héros un brin maladroit et un poil pathétique. C'était drôle, frais, décalé et de ce fait très inspirant… Cap'Com avait d’ailleurs primé cette campagne qui renouvelait totalement le genre. Mais c’était… il y a dix ans. Victime de son succès, cette campagne a été souvent imitée et jamais égalée. Pire : le super-héros est devenu le sauveur des communicants sans idées, au risque de lasser, comme si la communication publique peinait à renouveler sa garde-robe. L’effet Marvel s’est émoussé.
Campagne après campagne, on voit des super-héros partout, nous incitant à devenir des « super citoyens », des êtres d'exception pour des gestes… somme toute ordinaires. Économie d'énergie, respect des consignes civiques, etc. Des actes devenus, dans l'imaginaire collectif, dignes d'un port de cape et de collants. Mais n'est-il pas temps de remettre les pieds sur terre ?
Le message sous-entend qu'être un citoyen responsable, c'est exceptionnel, alors que cela devrait être notre bien commun.
L'idée qu'il faille être un « super » quoi que ce soit pour accomplir des actions citoyennes basiques est, en soi, problématique. Depuis quand doit-on s'élever au rang de héros pour faire preuve de responsabilité et d’engagement ? Le message sous-entend qu'être un citoyen responsable, c'est exceptionnel, alors que cela devrait être notre bien commun.
Et si nous étions arrivés au moment de dire stop ?
Franchement, les super-héros sont fatigués, et nous aussi. Fatigués de ces images recyclées, de ces concepts réchauffés. La communication publique a moins besoin de sauveurs que de fraîcheur et de sincérité. Ouvrons un peu les portes et les fenêtres, et osons le grand saut dans l’inconnu, sans cape, ni masque, ni collants. Nul doute que nous avons plus de ressources, de convictions et d’imagination dans nos équipes. Il est temps de retrouver notre propre super-pouvoir : la créativité et l'originalité.