Au rendez-vous des communicants publics de Corrèze
Ils étaient une vingtaine à converger mardi 6 juin dernier vers le centre de la Corrèze, à la préfecture de Tulle, pour donner vie à un nouveau réseau local de professionnels de la compublique. Cap’Com se devait d’être là. Le préfet aussi !
À l’invitation de Marie Cailleaud, dircom de Tulle agglo, membre du Comité de pilotage de Cap’Com, et de la dircom de la préfecture de la Corrèze, Valérie Jandot, nos collègues du département, majoritairement féminins et jeunes, se sont retrouvés à nouveau. Un signe de bonne santé pour un réseau naissant : c’est une deuxième rencontre et il y a plus d’inscrits.
Le travail que nous faisons chacun sur notre territoire rejaillit invariablement sur les territoires proches.
La dircom de Tulle agglo, qui a impulsé cette démarche, assure pour le moment la coordination et souhaite fédérer des territoires qui ne sont pas naturellement solidaires, entre le nord, le sud et le centre du département. « Faire converger ces trois Corrèze », c’est d’abord faire se rencontrer les acteurs de la communication publique avec la conviction qu’il y a des résonances. « Le travail que nous faisons chacun sur notre territoire rejaillit invariablement sur les territoires proches. On ne se connaît pas forcément tous et on est bien souvent isolés, avec l’envie d’échanger, de partager nos expériences », entendait-on en ouverture de cette réunion.
Une démarche qui parlera, on s’en doute, à toutes les collectivités de petite taille, les communicants des territoires ruraux et ceux des petites villes des régions de faible densité. Un point qui a d’ailleurs été souligné lors de l’intervention de Cap’Com, avec la démonstration de l’utilité commune de ces démarches.
Lors de cette réunion intéressante et détendue, plusieurs interventions ont été faites sur des sujets pratiques et concrets mais aussi pour connaître les thématiques à traiter lors de prochaines réunions. Outre les questions sur les réseaux sociaux (qui sont revenues à la fin), nous avons entendu des interventions sur les actions de communication publique en cours, et sur l’impact de la hausse du coût du papier (Brive, Tulle agglo et le département vont refondre leur magazine en restreignant les coûts). Enfin, en présence du préfet, Étienne Desplanques, de son secrétaire général, Jean-Luc Tarrega, et de son dircab, Loïc Loupret, la discussion est revenue sur la gestion des réseaux sociaux par les préfectures en distinguant celles où le préfet a la main sur son compte Twitter et celles où ce rôle est confié à un professionnel de la compublique. Entre autres considérations, nous avons pu noter qu’ici des élus interviennent et réagissent sur les réseaux sociaux de certaines collectivités. Des élus qui prennent part à la discussion sur le profil officiel de leur ville sans forcément être en phase avec la ligne éditoriale. Une question qui dépasse évidemment les limites de ce territoire et qui est une problématique récurrente dans les territoires à faible densité de population. Comme Cap’Com l’avait déjà pointé, avec les interventions de Pascal Touhari, il y a également des agents qui, sur leur profil personnel, répondent sur les réseaux sociaux à la place de la collectivité, sans tenir compte de leur devoir de réserve. « Dans la majorité des cas c’est bienveillant, ils veulent montrer l’efficacité des services, défendre le travail des services », modère une intervenante.
Un temps convivial a suivi ces échanges denses et instructifs, permettant à toutes et à tous de mieux faire connaissance, rompant pour certains un isolement forcé, le quotidien de bien des communicants en petite collectivité. Les salons de la préfecture, agréables et inondés d’un soleil de début de saison, s’y prêtaient merveilleusement.
La Corrèze a donné deux présidents à la République, nul doute qu’elle saura fournir de grands professionnels de la compublique.
Prochaine réunion en octobre, avis aux Corréziens !
Qu’est-ce qui motive Marie Cailleaud ?
Instigatrice de cette réunion et membre active du Comité de pilotage de Cap’Com, particulièrement écoutée sur les questions relatives aux petites collectivités, elle a pris quelques minutes pour nous répondre en marge de cette réunion, à Tulle :
Point commun : Pourquoi les petites collectivités ont-elles du mal à montrer leurs savoir-faire en matière de communication publique ?
Marie Cailleaud : Il y a ce syndrome du petit poucet. Le fait de venir d’un espace avec peu de densité, des territoires ruraux en fait, et avec le sentiment de ne pas être à la hauteur, lorsqu’on rencontre les collègues de cette France plus urbaine. On a cette sensation qu’on ne peut pas rivaliser avec les métropoles ou les grandes villes. Donc on se fait discret et parfois on subit avec comme conséquence un autocontrôle, on ne peut pas être force de proposition. Cela s’explique par deux choses, pour nous, ici. Il y a un enclavement du territoire limousin et de la Corrèze, et donc un sentiment d’être éloigné. Et deuxièmement, parce que c’est aussi notre mentalité. Nous ne sommes pas enclins à rayonner, par modestie, par réserve, par retenue. Mais cela change. Même si on ne l’admet pas encore, par nécessité. L’attractivité des territoires devient une composante incontournable des politiques publiques… Et de fait des communicants. On le voit ici avec Brive , l’agence de départemental de Tourisme ou encore la Haute Corrèze. Cela reste balbutiant en moyenne Corrèze…
P. C. : Cette retenue est-elle le fait des communicants également ? Ou sont-ils bridés ?
M. C. : Ici mais pas que, c’est un vrai sujet. La légitimité du communicant ! Quelques soient les niveaux où tu exerces, tu n’as pas un métier, mais tu as un loisir qu’on accepte de payer. Je grossis le trait mais à peine. Pour certains, s’amuser sur les réseaux sociaux, c’est une activité sympa ! Et si le communicant public n’a pas intégré cet état de fait, ça peut être très violent.
Il y a du mieux, tout de même, il faut reconnaître que la compublique prend petit à petit corps et nécessité dans nos territoires. Naturellement cela amène à une certaine modestie. Et le premier signe, pour moi, est venu de Cap’Com. Le fait qu’on me sollicite pour entrer dans le comité de pilotage cela m’a permis de relativiser. Je me suis dit intérieurement : comme ça on peut être dans le vrai et peut-être que ce sont les autres qui ont tort. Et en disant cela je pense inévitablement au syndrome Dunning Kruger… Il faut se délester de ces / ses freins. Et c’est ainsi qu’est née l’idée du réseau en Corrèze, pour dépasser cela aussi. Il y a ici des jeunes chargées de com, qui disent « je n’ose pas ». Bien au contraire, il faut aller de l’avant car, malgré le peu que nous sommes, il faut légitimer la profession et créer cette dynamique.