Comment s’organise la communication au sein des intercommunalités ?
Rattachement dans l’organigramme de la collectivité, positionnement comme une fonction support ou stratégique, étendue des moyens budgétaires, dans quel cadre les services communication des intercommunalités fonctionnent-ils ?
Aujourd’hui, les intercommunalités disposent pratiquement toutes d’un service ou d’une direction de la communication, selon le Baromètre 2023 de la communication intercommunale (voir l'encadré). 82 % des 990 communautés de communes et 94 % des 264 communautés d’agglomération, communautés urbaines et métropoles en sont dotées. En quelques années, la fonction communication s’est organisée, des équipes ont été recrutées, des moyens ont été attribués.
Des services de la communication rattachés à l’administration
Comment s’organise la communication dans des intercos qui disposent d’un service chargé de cette fonction ? Les différences sont flagrantes entre les petites et les grandes intercommunalités.
Dans les communautés de communes, le service communication est le plus souvent rattaché à la direction. C’est le DGS ou un DGA qui a l’autorité hiérarchique sur le responsable du service. Mais les élus continuent toutefois de jouer un rôle. Dans un quart des cas, le service communication est directement rattaché au président ou à l’un des vice-présidents.
Il n’en va pas de même dans les communautés d’agglomération, urbaines ou métropoles. Lorsque la communication ne dépend pas de la direction, ce ne sont pas directement les élus qui en sont responsables. Le cabinet prend le relais. Le dircom se trouve alors rattaché au cabinet et le dircab devient souvent le responsable hiérarchique de la com.
Toutefois, d’une manière générale, le service ou la direction de la communication est donc le plus souvent rattaché à l’administration. Une situation de plus en plus fréquente au fur et à mesure que la communication prend de l’ampleur et voit ses missions s’élargir.
La communication hébergée au sein du cabinet dans quelques grandes intercos
Quelque 200 communautés ne disposent pas de service de communication. Dès lors, comment s’organise la communication dans ces intercos qui ne sont pas seulement de petites communautés ? Car deux situations se rencontrent.
Dans les communautés de communes qui n’ont pas de service com, c’est la direction générale qui assure la communication, confiée à un DG. Celui-ci a d’autres fonctions et sa mission communication n’est pas précisément identifiée.
Dans les métropoles, communautés urbaines ou d'agglomération qui ne disposent pas de service communication, la situation est différente. L’absence d’un service communication s’explique par l’existence d’un cabinet. La fonction est alors la plupart du temps aux mains d’un collaborateur de cabinet. Les grandes intercommunalités peuvent disposer, selon leur nombre d’agents, de plus d’une dizaine de collaborateurs de cabinet. C’est alors au sein de cette équipe que la communication est directement prise en charge.
Des fonctions stratégiques de plus en plus présentes
Et quel est le rôle du service communication des intercos ? Fonction support plutôt chargée de produire des outils et des actions selon la demande de la direction, des élus ou des services ? Ou fonction stratégique davantage tournée vers le conseil, la coordination, l’accompagnement des politiques publiques ?
Ni vraiment l’une, ni vraiment l’autre, mais plutôt les deux, répondent les communicants. Pour deux tiers d’entre eux, la fonction exercée est à la fois stratégique et support. Reste à savoir dans quelle proportion ils estiment répartir leur temps entre ces deux fonctions.
Quoi qu’il en soit, au regard des Baromètres précédents depuis 2008, il apparaît que les services com qui ne seraient qu’un service support sont de moins en moins nombreux. La communication intègre progressivement une dimension stratégique que son rattachement à la direction administrative ne freine pas.
Des budgets limités, autour de 1 euro par habitant
Avoir une idée des dotations budgétaires octroyées à la communication est toujours un exercice difficile. D’abord, parce que les disparités sont grandes, reflet des différences dans la taille des intercos. Ensuite, parce que les réponses sont rarement précises, les budgets pouvant être dispersés entre plusieurs services ou être affectés à des actions fort différentes. Toutes réserves prises en compte, il apparaît que les budgets communication des intercommunalités restent modestes. Dans plus d’une interco sur trois, le budget annuel est inférieur à 50 000 euros. Peu de possibilités d’actions avec un tel montant. Et 20 % des communautés de communes disposent de moins de 10 000 euros annuels pour leur communication ! Dans les quelque 300 grandes agglomérations, les budgets sont heureusement plus importants et tournent entre 100 000 et 500 000 euros. Des sommes qui, ramenées à la population des agglomérations, apparaissent bien modestes, de l’ordre de 1 à 2 euros par habitant.
Au regard des réponses de cette enquête, l’ensemble des budgets annuels consacrés à la communication de toutes les intercommunalités peut être estimé à environ 250 millions d’euros. Un chiffre qui est en droite ligne avec d’autres estimations qui évaluent les budgets communication des collectivités locales à 1 % de leurs dépenses de fonctionnement. On ne dira jamais assez que la com est fondamentale et si peu coûteuse.
Le Baromètre de la communication intercommunale
Le Baromètre de la communication intercommunale est une enquête effectuée auprès de ceux qui sont chargés de la communication au sein des intercommunalités : communicants, élus, cabinet ou DGS, selon les intercos.
Il est conduit depuis 2008 par l’association des élus Intercommunalités de France, l’agence Epiceum, l’institut d’études Occurrence et le réseau Cap’Com.
Le groupe de travail de cette année a été composé de Marie Cailleaud – Tulle Agglo –, Elsa Pradier et Yohann Jacquet – Intercommunalités de France –, Christian de la Guéronnière – Epiceum –, Pierre Chavonnet – Occurrence –, Yves Charmont et Bernard Deljarrie – Cap’Com.
La 6e vague de ce Baromètre a été réalisée grâce à un mailing envoyé auprès des 1 254 communautés. Les résultats s’appuient sur 221 questionnaires exploités, soit un taux de retour de 16 % pour les communautés de communes et de 26 % pour les communautés d'agglomération, communautés urbaines et métropoles. Les répondants sont pour 56 % les communicants des intercos et pour 44 % les élus, membres de cabinet ou DGS.
L’étude a été conduite en septembre et octobre 2023. Une présentation partielle en a été faite au Forum Cap'Com à Toulouse lors de l'atelier du mercredi 6 décembre : « Transition environnementale : travailler entre institutions ». Les cinq éditions précédentes du Baromètre ont été menées en 2008, 2011, 2013, 2015 et 2019.