Communication : peut-on faire du vrai avec du faux ?
Coucou, ça va ? Dans ma précédente chronique je vous révélais que des hommes tombaient amoureux d’une intelligence artificielle. C’était flippant. Ce mois-ci, je vais encore vous parler d’intelligence artificielle. Vous saturez ? Allez, je vous prends la tête encore quelque temps, jusqu’au Forum Cap’Com de Toulouse où j’aurai le plaisir de co-animer une conférence sur le sujet. J’espère que je vous y croiserai. Après, promis, je vous laisse tranquille. Chat GPT rédigera mes prochaines chroniques.
Alors de quoi s’agit-il, cette fois-ci ? Eh bien figurez-vous qu’une étude révèle que les visages créés par l'intelligence artificielle (IA) sont souvent perçus comme plus réels que les photos de vrais visages.
Dans l'expérience menée ici, des adultes ont évalué 100 visages générés par des modèles d’IA et 100 vrais visages. 66 % des images synthétiques ont été identifiées comme humaines, contre 51 % pour les vraies images. Les testeurs ont ainsi souvent été incapables de distinguer les visages réels de personnes existantes de visages de personnes inventées par l’IA.
Troublant ? Gênant ? Et pourtant certains utilisent déjà l’IA pour générer des personnes censées incarner un territoire, une culture, des valeurs.
Vous avez peut-être vu le compte Instagram d’Anne Kerdi qui vante les charmes de la Bretagne. Ou le compte d’Ailice, ou de Aitana Lopez, toujours photogéniques, toujours jolies, pas une ride, très lifestyle, caricatures d’influenceuse.
Ces trois femmes ont un point commun : elles n’existent pas et sont le fruit d’un logiciel génératif. Un look assez similaire. Nous ne sommes pas loin du cliché. Rien n’est dissimulé sur l’identité virtuelle de ces personnes. Pourtant les niveaux d’engagements sont élevés avec des commentaires qui semblent ignorer que leur interlocutrice n’existe pas.
L’IA est d’ores et déjà largement adoptée par les communicants numériques
Les frontières entre le réel et l’artificiel seraient-elles déjà abolies ? Pourtant, dans son rapport sur les tendances social média 2024, Hootsuite, qui a interrogé 4 000 spécialistes du marketing et 4 500 consommateurs, dévoile ce constat : si l’IA est largement d’ores et déjà adoptée par les communicants numériques et les community managers, l’enthousiasme n’est pas le même chez les consommateurs.
62 % d’entre eux déclarent être moins susceptibles d'interagir avec des publications ni leur faire confiance s'ils savent qu’elles ont été créées par une IA.
Le risque est bien là. Si la création de contenus avec l’aide de l’IA offre des aspects innovants, disruptifs, ludiques, des gains de productivité significatifs, elle participe aussi à une certaine déshumanisation de l’information.
Alors que les institutions souffrent toujours et encore d’une défiance grandissante vis-à-vis de l’information qu’elles délivrent, l’emploi de l’IA doit nous faire nous interroger. Quelle confiance accorder à des articles rédigés par des algorithmes ? Comment développer son sens critique face à des données formatées et marketées en fonction de notre profil personnel ?
Il ne s’agit pas de lui tourner le dos, bien au contraire, mais de l’employer à juste escient, dans un cadre juridique, éthique et réglementaire prédéfini. Peut-être plus important : il convient également d’éduquer et de former les citoyens à l’usage et au décodage de l’intelligence artificielle. C’est un vaste chantier et il est passionnant.
En attendant, nous pouvons dès à présent imaginer ce que sera le Forum de la communication publique de Toulouse, grâce à l’IA.