Communication publique en Europe : à exigence nouvelle, compétences accrues
La conférence plénière du Club de Venise vient de se tenir les 30 juin et 1er juillet à Fiesole en Italie. Elle a permis à une centaine de communicants des gouvernements européens et de spécialistes de faire le point sur les stratégies mises en œuvre dans le cadre des crises actuelles. Ils ont convergé sur la nécessité de partager les bonnes pratiques et d’augmenter les compétences des communicants publics.
En introduction, Richard Kuehnel, directeur de la communication de la Commission européenne, est revenu sur la Conférence sur le futur de l’Europe et a tiré des conclusions de son expérience afin d’être plus efficace dans la recherche d’une plus grande implication citoyenne : « Il faut cibler des actions politiques clés. Ensuite, la stratégie de communication et le budget doivent être mobilisés dès le départ. En posant dès le début le bon diagnostic, on arrive à mieux impliquer les citoyens afin qu’ils s’engagent eux-mêmes. Nous devons tirer les leçons des bonnes pratiques, former les citoyens, analyser les influenceurs et repenser à toute la narration de l’action publique. »
Des points sur lesquels le président du Club de Venise, Stefano Rolando, de l’université de Milan, a immédiatement rebondi : « Nous avons souligné l’importance du rôle des communicants vis-à-vis des citoyens et du projet politique. La culture de l’explication est un point fort. Et nous avons besoin de sortir de nos institutions, qui ne doivent pas être considérées comme une fin en soi. Ici au sein du Club de Venise, nous sommes associés à des universitaires, des acteurs privés ou des organismes indépendants. Comme Cap’Com, qui montre pourquoi nous avons besoin de la dimension territoriale : une des clés de l’action publique. Certains acteurs savent faire à leur échelle. Il faut cultiver ces collaborations. »
Nous avons un besoin collectif de dépasser les frontières de nos métiers.
Stefano Rolando
Cette conférence de Fiesole avait comme sujet central celui de la crise (Ukraine, Covid), de l’urgence (climat), avec un volet professionnel essentiel. Car les réflexions étaient liées à cette culture de la crise et à la montée en compétence des communicants partout observée. Stefano Rolando poursuivait ainsi : « Nous avons un problème collectif de professionnalisation… et nous avons besoin de dépasser les frontières de nos métiers. » Et si, hier, on pouvait dégager plus simplement des consensus sur des objectifs communs, comme lors des années de fondation de la Communauté européenne, il faut désormais « contribuer à définir les mots-clés pour impliquer les générations futures ».
Renforcer les capacités des communicants publics
Lors des tables rondes qui se sont enchaînées, certains intervenants ont commencé à dessiner un vaste espace d’échange et d’amélioration professionnelle pour la communication publique. Ainsi, John Verrico, président de l’Association nationale des communicants publics des États-Unis, décrivait-il l’archaïsme des compétences exigées lors des recrutements, basé sur des certifications qui dataient d’avant l’ère du numérique. Il soulevait la nécessité d‘actualiser le référentiel des recruteurs. Pour Robert Wester, de Berenschot, il faudrait mieux recenser les bonnes pratiques et les partager. Anthony Zacharzewski, directeur de The Democratic Society, renchérissait en appelant à plus d’actions et moins de circonvolutions.
Des points de vue qui convergeaient avec la présentation de Cap’Com qui, à son échelle, a détaillé la manière dont le réseau des communicants publics locaux français s’est auto-organisé autour de trois axes :
- Mener la réflexion sur le métier et représenter la profession
- Faire de la formation sous les meilleurs formats pédagogiques
- Assurer promotion des bonnes pratiques, animation du réseau et échanges
Pour Carlotta Alfonsi, analyste politique à l’OCDE, le temps est venu de « renforcer les capacités des communicants publics » autour de pôles d’expertise, de favoriser de nouvelles synergies au niveau international, en développant une culture du changement. Des objectifs très concrets, repris en conclusion par le directeur de la communication de l’Institut universitaire européen, hôte de cette conférence, Marco Incerti : « Nous devons favoriser la coopération, rassembler les ressources, faire du réseautage de façon encore plus efficace. Mais également faire de la co-création et échanger davantage avec les habitants, et plus seulement passer les messages. »