Construire du sens commun
Les communicants publics ont pris la parole lors des élections législatives. Désormais, c’est dans le champ politique que se dessinent les équilibres. Mais les questions professionnelles éthiques, brûlantes il y a deux semaines, demeurent.
Le mode de scrutin et les désistements républicains n’ont pas permis à l’extrême droite de dominer l’Assemblée nationale. Mais ces élections législatives de ce 7 juillet 2024 sont loin d’avoir résolu les maux que traverse notre pays.
Depuis des années, les communicants publics « s’inquiètent des fake news, de la désinformation, de la manipulation de la réalité à des fins politiques et constatent l’exacerbation et la polarisation du débat public, la libération de paroles xénophobes et l’usage de la communication comme une arme idéologique » (1).
Ces dernières semaines, ils se sont exprimés pour rappeler leur attachement aux valeurs républicaines et à l’éthique de leur métier. Avec des phrases comme : « La communication publique crée de la confiance, va vers les publics éloignés, apaise, favorise l’entente et cultive le lien social » (2), « Elle défend les conditions d’une information et d’une parole juste, sincère et porteuse de sens dans la sphère publique » (3) ou « Créons plus que jamais des dispositifs qui relient, qui laissent la place au dialogue, à l’écoute, à l’entraide et au respect » (4), ils ont montré une unité de vue qui a été de nature à soutenir des professionnels, souvent éparpillés dans les territoires et préoccupés.
La nécessité d'agir
Ces communicants publics sont légitimement inquiets en cette période politique et institutionnelle qui doit conduire aux prochaines élections municipales de 2026 et présidentielle de 2027. Ils ont exprimé leurs craintes lors du Comité de pilotage du réseau, tenu entre les deux tours des élections. Les 45 dircoms présents ont convenu de la nécessité d’agir pour éviter d’altérer la communication publique et les bases de sa légitimité, ce qui reviendrait à fragiliser nos institutions. À cette occasion, ils ont validé la tenue rapide d’un groupe éthique.
Ce groupe, réuni ce mercredi 10 juillet, a convenu de la nécessité de tracer un cadre autour des valeurs sur lesquelles repose le métier, en s’appuyant sur le travail déjà accompli dans leur réseau professionnel. Le groupe a également décidé d’auditionner aussi bien des juristes que des philosophes afin d’actualiser la définition d’une communication publique responsable et capable de s’adresser à tous les publics de façon déontologique. C’est un véritable « bâton de marche » que ce groupe souhaite pouvoir proposer aux communicants, notamment aux plus jeunes, afin qu’ils puissent contribuer à consolider les services publics, à expliquer les politiques publiques, à conforter le débat public et ainsi à construire du sens commun.
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(1) Point de vue de D. Mégard et B. Deljarrie, in Point commun – 27 juin 2024.
(2) Appel du délégué général du réseau des communicants publics Cap’Com – 28 juin 2024.
(3) Déclaration du bureau de l’association Communication publique – 18 juin 2024.
(4) Déclaration du conseil d’administration de l’Association nationale des communicants – juin 2024.