Contre le Covid on use tout !
Moi-même je suis au bout du rouleau et j’en ai grossi ! Tout avait commencé dans un élan formidable et, notre travail aidant, nous avions atteint un plateau. Mais la descente lors de la prochaine étape sera périlleuse. Des chutes sont possibles. La mienne notamment.
Suis-je seul à avoir vécu le début de cet épisode de confinement comme un matin neigeux ? Vous savez, quand le calme se fait dehors, ouaté, que personne ne prend sa voiture parce que tout est bloqué par un manteau blanc, que l’on reste à boire un thé devant la fenêtre, en se demandant combien de temps cela va durer. Un de ces jours hors du temps où, le calme aidant, on laisse son esprit vagabonder, penser à côté, ailleurs, autrement. On s’allonge dans un temps étiré, on perd la notion des jours. Et puis, au fil des averses de flocons, on prend des nouvelles, on remet du bois dans la cheminée, on s’organise. Personnellement, professionnellement. Et lorsque l’on voit ce que la com publique a produit pendant ces presque deux mois, on n’a pas à pâlir. Souvent en distanciel, mais toujours au contact avec la réalité, nous avons relevé un à un les défis du moment. Et ce, je trouve, avec une certaine homogénéité. J’ai quelquefois l’impression que nous avons tous fait à peu près la même chose, au même moment. C’est vrai que les échanges par mail ont aidé à faire foisonner les idées, mais il reste un vrai sentiment d’unité. C’est bien. Cela montre que nous partageons plus que quelques process !
Vient le temps du déconfinement
Pour moi, ce déconfinement rime avec déconfiture. Et d’entendre l’enfilage de poncifs sur le monde d’après me fait craindre le pire. Serions-nous tous d’accord sur ce que nous pensons du monde d’avant pour parler de façon collective et certaine de ce monde d’après ? Il ne faut pas rêver. Entre les problématiques liées au prix à la pompe, aux régimes spéciaux, aux inégalités territoriales, au réchauffement climatique… nous ne manquions pas de pommes de discorde, ni de sujets à traiter, nationalement comme localement.
La crise du coronavirus nous rendra un monde encore plus distendu, distancié et distancé sur le plan économique.
Au lieu de mettre tout le monde d’accord, la crise du coronavirus nous rendra un monde encore plus distendu, distancié et distancé sur le plan économique, avec une dette abyssale ! (Si j’étais le coronavirus, je me cacherais, je muterais et je reviendrais dans deux ans ; le monde, exsangue et sans capacité d’endettement supplémentaire, serait alors à genoux.)
Mes pauvres amis, nous devrons faire face à tant d’injonctions contradictoires venant de nos gouvernances ! Comment communiquer clairement sur des objectifs si opposés : l’ouverture prudente ou la protection maximale ? le maintien de services adaptés ou l’abandon de services caduques ? le volontariat individuel ou les règles communes ? des élections ou pas d’élections ?
Il suffit d’écouter autour de nous pour se rendre compte que cela va être coton. On nous serine avec des projections où chacun plaque ses propres convictions et qui, par leur cacophonie, montrent leur inopérance. Et en vérité je vous le dis – j’aime bien cette expression, c’est très « biblique », non ? –, cela ne va pas être de la tarte pour les communicants publics. Va falloir gérer et éviter d’en prendre, justement, des tartes !
On va télétravailler dans la télécom !
C’est une question de bon sens, il ne sera pas possible d’avancer sans concerter largement. Nos élites hésitent et il est probable que les citoyens aussi. Pour autant, c’est de l’avis de ces derniers que dépendra le projet à venir. Attention à la pochette surprise !
Donc avant de tracer la feuille de déroute et d’accompagner le projet, les communicants seront à nouveau adjurés de recueillir la parole des habitants et d’analyser les tendances sur les réseaux sociaux. Ensuite il faudra maintenir voire reconstruire le lien, d’autant plus que les mesures barrières seront durablement des freins… et sans doute imaginer une communication toujours efficace à distance. Une télé-communication en quelque sorte !
Vous me qualifierez de pessimiste, mais non ! Si je suis certaine de laisser des plumes dans cette crise, j’y ai également trouvé des raisons d’espérer. Dans notre métier, au-delà de cette impression d’unité déjà évoquée, je verrais cette année expérimentale à venir comme un fablab de la com publique, regorgeant d’énergie et d’inventivité. Plus loin, j’imagine les réajustements structurels comme une opportunité pour coller à nos objectifs environnementaux, sociétaux. Encore plus loin, je ne peux que noter l’incroyable unité de l’humanité qui, pays par pays, culture par culture, a affronté de la même manière cette crise. Sans rire, même en tenant compte de certaines disparités, de la Corée du Sud à Cuba nous avons à peu près vécu les mêmes choses et réagi en nous confinant pareillement. Si ce n’est pas un village planétaire, alors dites-moi ce que c’est !
Je m’efface donc dans la joie et l’optimisme. Bises.