En 2022, l’après-covid ?
En 2020, on théorisait avec espoir le « monde d’après ». À tous les niveaux, il permettait à chacun, selon ses convictions, de se projeter dans un mouvement de rupture et de changement salutaire.
Par Rachel Bellinguez, directrice de projets communication à la direction générale adjointe transformation sociale et sociétale de la ville et eurométropole de Strasbourg.
Dans nos organisations et collectifs de travail, on s’émerveillait de notre capacité à s’adapter et à « tenir ensemble », pour reprendre le – très bon – message gouvernemental. Les communicants publics, particulièrement ceux des collectivités locales, sortaient requinqués de cette épreuve, arborant de nouveau avec fierté le blason du « sens du service public ».
En 2021, on s’installait dans cette nouvelle normalité : incertitude, distanciation sociale, télétravail… Après les pics de 2020, la courbe de la pandémie s’aplanissait dans un mouvement de vagues et ressacs moins violent, mais sans fin. Devenue donnée de base, l’incertitude devrait désormais intégrer toutes les méthodes de stratégie, de pilotage et de management.
Aux Entretiens territoriaux de l’Inet à Strasbourg les 2 et 3 décembre, la philosophe et psychanaliste Cynthia Fleury évoquait l’impact de la pandémie sur la santé mentale et la fatigue comme un fait social, en parlant de « syndrome d’épuisement collectif ». Pour éviter ce burn-out généralisé, elle proposait des solutions autour de la démocratie participative, notamment. Au 33e Forum de Cap'Com du 7 au 9 décembre, le politiste et sociologue Loïc Blondiaux, lui aussi, diagnostiquait une démocratie malade et traçait des perspectives au niveau local. Autant de pensées denses et fécondes pour inspirer et fonder l’action de la communication publique.
Toujours lors de ce Forum, les communicants publics ont démontré leur capacité à analyser ces évolutions, adapter leurs réponses, méthodes et outils, pour maintenir la confiance et le lien avec les publics cibles. Le sondage réalisé auprès de 500 d’entre eux révélait toutefois un état d’esprit partagé, entre combativité et fatigue, optimisme pour la fonction communication et pessimisme pour l’état du pays.
En 2022, il reste pourtant possible d’espérer qu’il y ait un « après-covid ». Le ministre de la Santé n’a-t-il pas évoqué la possibilité que cette cinquième vague soit la dernière ? Bien sûr, il s’agit d’un scénario parmi d’autres. Rappelons-nous, grâce au quotidien Le Monde, à l’occasion de l’annulation du sommet économique de Davos, que les meilleurs prévisionnistes du monde n’ont jamais été aussi à la peine.
Que ferons-nous de cet après-covid, qui nous apparaît aujourd’hui davantage comme une amplification de tendances qu’un changement brutal ? Lesquelles de ces tendances choisirons-nous d’adopter, de renforcer ou d’abandonner ? Comment combiner agilité et projets itératifs avec les exigences de planification et de stratégie de long terme de la communication ? Comment générer de la « confiance, en tant que qualité opérationnelle », pour citer encore Cynthia Fleury, permettant aux collectifs humains de tenir cette pandémie usante ? Comment cultiver notre créativité et notre ingéniosité ? En l’absence – ici comme ailleurs – de réponses immédiates et définitives, parions de préférence sur le partage d’expériences entre pairs, l’attention aux signaux de nos publics cibles, les réflexions d’intellectuels connectés à leur époque, pour tenter de trouver des solutions. En 2022, comme auparavant, Cap'Com nous y aidera !