« Encore des travaux ? Ils veulent faire crever les commerces, ici… »
Quatrième extrait du (presque réel) carnet de bord d'une communicante.
Par Lucille Roué, responsable de la communication de la ville de La Tour-du-Pin.
Vendredi 3 juin 2022, 20 h 42, depuis mon salon
Cher carnet,
Ça y est, ce chantier de longue durée, destiné à répondre aux nouvelles normes techniques et à embellir le centre-ville, s’achève. Douze mois pendant lesquels il a fallu expliquer pour informer, faire comprendre et, si possible, faire adhérer des riverains mécontents du bruit des engins, des commerçants inquiets pour l’accessibilité de leur boutique, ou encore des chalands que l’on entendait parfois marmonner : « Encore des travaux ? Après deux ans de covid, ils veulent faire crever les commerces, ici… » Grrr... comment dire ? Il est vrai que, malgré l’énergie déployée par l’équipe projet, il n’était pas rare de surprendre malgré tout ce type de discussion de rue qui a eu le don de faire bouillonner l’une des dircoms les plus placides – moi.
Et non, cher carnet, contrairement à ce que j’ai entendu, il n’est pas question ici de « faire crever les commerces » ou « d’e----der les riverains » (sic). Bien au contraire, cette métamorphose a été actée pour donner à l’un un cadre d’activité attractif, et à l’autre un cadre de vie agréable ; par ricochet, pour faire vivre la ville, tout simplement. C’est connu, le changement peut perturber ou inquiéter, et c’est une preuve de plus qu’il nous faut travailler sur ces perceptions pour accompagner et rassurer les plus frileux.
Aujourd’hui, la fin du chantier se profile enfin à l’horizon, et j’ai noté que la tonalité des conversations entendues çà et là a évolué. Récemment, une habitante s’adressait, depuis son balcon, à une amie qui passait sur le trottoir d’en face : « Tu sais, je ne comprends toujours pas comment on se gare car il manque encore les panneaux. Mais ça change d’avant, c’est joli, hein ? » Mardi passé, alors que mes collègues de l’équipe espaces verts installaient des jardinières garnies de fleurs aux tons pastel pour agrémenter la rue voisine, les passants s’arrêtaient et appréciaient : « Bravo, c‘est beau : ça apporte de la couleur dans le centre-ville ! » La dircom, qui a pu être agacée par le passé, aime aujourd’hui attraper à la volée ces bavardages citadins pour retrouver la placidité qui la caractérise habituellement.
Et c’est dans cet état d’esprit plus serein que je peaufine en ce moment l’organisation de l’inauguration qui marquera la fin officielle de ce projet, j’imagine déjà les visages souriants du public et des officiels ce soir-là. Tous seront heureux de se retrouver autour d’un cocktail spécialement créé pour l’occasion par les cafetiers de la place. Tous noteront la qualité du travail réalisé en contemplant les photos « avant/après » qui seront exposées. La majorité d’entre eux conviendra que, finalement, ça valait le coup malgré les désagréments liés à l’activité du chantier. Dis-moi, cher carnet, et si nous promouvions davantage la visualisation positive ?