Être solidaires avec les enseignants
Les assassinats ont ému, horrifié et suscité des expressions collectives de soutien aux profs. Et après ?
Par Alain Doudiès, consultant en communication publique, ancien journaliste.
Rappelons les noms des professeurs assassinés, depuis une dizaine d’années, dans l’exercice de leurs fonctions. Ils s’effacent peu à peu de nos mémoires. 19 mars 2012 : Jonathan Sandler, 30 ans, professeur de religion, et trois écoliers sont tués par Mohamed Merah, dans l’école juive Otzar Hatorah, à Toulouse. 4 juillet 2014 : Fabienne Terral-Calmès, 34 ans, institutrice à Albi, est poignardée par la mère d’une écolière. 5 décembre 2018, John Dowling, 66 ans, professeur d’anglais du pôle universitaire privé Léonard-de-Vinci, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), est tué par un de ses anciens étudiants. 16 octobre 2020 : Samuel Paty, 47 ans, professeur d’histoire-géographie, est poignardé, puis décapité, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par un réfugié russe d’origine tchétchène. 22 février 2023 : Agnès Lassalle, 52 ans, est poignardée dans le lycée Saint-Thomas-d’Aquin, à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) par un lycéen présenté comme psychologiquement instable. 13 octobre 2023 : Dominique Bernard, 57 ans, professeur de français au lycée Gambetta d’Arras, est tué par un ancien élève de l’établissement, islamiste d’origine tchétchène.
Il s’agit d’attaques terroristes ou de « faits divers », rangés dans des rubriques différentes dans les médias. Explications et causes profondes sont hétérogènes. L’impact dans l’opinion a été plutôt local ou national, relativement bref, ou profond et prolongé. Mais, dans tous les cas, rude a été le choc pour la communauté éducative, les élèves et les parents.
Épauler une profession malmenée et, désormais, menacée
Peu à peu, le coup s’estompe, même s’il en reste des traces. La vie reprend son train. C’est précisément la raison pour laquelle je pense qu’il faut revenir sur ces drames, à froid, donc de manière rationnelle, dépourvue des sentiments du moment. Au-delà de l’émotion, hors des suites politiques ou judiciaires, on peut agir.
Spontanément, on peut penser que ce sujet ne nous concerne pas puisque hors de notre champ d’intervention. Mais non ! Les communes ont des compétences dans les écoles, les départements dans les collèges, les régions dans les lycées. Pas de responsabilités sur les enseignants et les enseignements, mais des interventions dans les établissements – locaux, équipements, restauration, avec les agents affectés à ces missions – déterminantes dans la vie quotidienne des personnels et des élèves. Voilà qui donne une légitimité suffisante pour se tourner vers les enseignants, afin d’exprimer une solidarité active, concrète, vis-à-vis d’un métier dévalorisé quoique essentiel et d’une profession malmenée et, désormais, hélas, menacée.
Une certaine idée des enjeux de l’éducation et une certaine façon d’épauler les professeurs peuvent ainsi se traduire par des actions de communication : portraits, entretiens, reportages dans les classes, témoignages, enquêtes sur des innovations pédagogiques, tables rondes sur des sujets majeurs, etc., etc. Votre créativité et votre pertinence orienteront le choix des angles, des contenus et des traitements les plus adaptés aux réalités locales et aux lignes éditoriales de vos supports.
Vive les profs !