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Face à Facebook : soyons groupés

Publié le : 9 février 2018 à 11:39
Dernière mise à jour : 23 mars 2018 à 11:48
Par Marc Cervennansky

Vous n’avez pas pu y échapper, Facebook annonce de grands changements depuis quelques semaines, créant panique et questionnements dans le landerneau des community managers, des médias et des collectivités territoriales. Pour rester en contact avec ses abonnés, une piste semble se profiler : les groupes Facebook. Solution miracle ou pis-aller ?

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Illustration : d’après La Cène de Juan de Juanes

Marc Cervennansky @cervasky

Facebook veut redevenir un réseau social qui fait du bien en privilégiant les relations entre amis plutôt que l’affichage d’informations issues de pages. Nous nous en sommes inquiétés, d’autres s’en sont réjouis. Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons rester les bras croisés en attendant d’observer la chute vertigineuse de la portée de nos publications.

Première réaction de nombreux médias régionaux ou nationaux : inviter leurs abonnés Facebook à modifier leurs paramètres sur la page pour continuer à visualiser les publications sur leur fil d’actualité. Voir l’exemple ci-dessous du journal Sud Ouest ou des Échos. Un premier moyen pour contourner les nouvelles règles de l’algorithme de Facebook.

Autre solution, mettre la main au porte-monnaie pour acheter la visibilité de ses publications. Mais est-ce toujours de l’information ou de publi-reportage ? L’impact risque de ne pas être le même auprès des lecteurs, qui ne sont pas dupes.

Enfin, une piste qui semble se développer : le recours aux groupes de Facebook. Autrefois réservés aux profils, ils sont désormais gérables depuis des pages. Quelques titres de presse s’y sont déjà mis : aux États-Unis le Washington Post avec quatre groupes actifs, en France le gratuit 20 minutes, BFM Business, ou Les Jours.

Un retour aux origines du web communautaire

Les groupes présentent a priori plusieurs avantages : fidéliser et cibler davantage son audience, bénéficier d’une visibilité plus grande avec des notifications envoyées aux membres, favoriser l’interaction sur des thématiques précises... Pas réellement une nouveauté en fait. Pour les plus anciens, rappelez-vous les forums de discussion, dont certains sont encore très populaires, comme Doctissimo ou Jeuxvideos.com. Les groupes seraient ainsi un retour aux origines du web communautaire.

Par rapport aux publications classiques sur les pages, les groupes présentent encore quelques inconvénients : il n’est pas possible de programmer ses publications et publier trop souvent risque de faire fuire ses membres qui quitteront le groupe, à force de recevoir des notifications. C’est aussi un format plus ouvert, qui nécessite une plus grande vigilance sur ce qui y est publié.

"Une audience potentiellement plus captive"

Qu’en est-il dans les collectivités territoriales ? Une petite enquête révèle que certaines s’y sont déjà mises, pendant que d’autres y réfléchissent encore. Ainsi, Blandine Grandchamp pour une commune de la Gironde y pense sérieusement « parce que ça me permet entre autres de répondre à la demande de toutes les associations qui souhaitent qu'on relaie leurs actus » . Puisque ça fait une audience potentiellement plus captive”. Pour Sophie Barré, dans une commune du Val d’Oise, la création d’un groupe est en projet. « Notre cœur de ville est en pleine mutation (...) Il y a une forte attente d'informations sur ce sujet. Du coup, je pense faire un groupe dédié, pour suivre l'avancée des travaux, répondre aux nombreuses interrogations... et y associer en interne la direction du cadre de vie pour des réponses plus personnalisées. »

À Cergy-Pontoise, deux groupes liés à la page de l’agglomération sont déjà actifs. L'un porte sur l'aménagement d'un quartier, l'autre sur la thématique très précise de la réduction des déchets. « Il compte près de 700 membres qui réagissent pas mal », selon Vincent Mangue, son community manager. « On y pousse des sujets très thématiques et on travaille en ce moment avec le service déchets pour l'activer encore plus ».

À Saint-Dizier, Pierre Renaud anime aussi deux groupes Facebook : un dédié aux événements de la ville et un groupe exclusivement réservé à la vente, la revente ou l'échange de billets de spectacles.

Plus ouvert aux contributions des associations, particuliers, commerces

« Au niveau des chiffres, on ne s'y retrouve pas encore », constate Pierre. « Déjà parce qu'il faut laisser le temps à chacun de se réinscrire, mais aussi parce qu'il faut valider chaque inscription ». Toutefois le groupe apporte quelques bénéfices. « C’est un carrefour de toutes nos pages - une douzaine. On y reprend des infos. Cela évite d'utiliser une publication d'une page pour faire la promo d'une autre. On peut publier plus souvent et un peu plus au fil de l'eau », explique Pierre.

À Saint-Dizier le groupe est plus ouvert aux contributions des associations, particuliers, commerces… qui n’entrent pas dans la ligne éditoriale de la ville.

Alors le groupe Facebook serait-il le nouveau Graal pour la communication publique sur les réseaux sociaux ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer, mais il constitue une alternative intéressante. Jusqu’à quand ? Car avec Facebook, ce qui se fait aujourd’hui peut se défaire demain. Mark Zuckerberg annonce ainsi privilégier la visibilité des publications des amis aux dépens de celle des pages. Et quelques jours plus tard, il déclare vouloir accorder de l’importance à l’info locale sur les fils d’actualité. Le patron de la firme américaine n’a pas fini de rendre fou des community managers.