La communication interne, unie par les liens sacrés d’un organigramme
C’est une interrogation qui revient régulièrement dans la liste de discussion cominterne de Cap’Com. Et une question que l’on me pose régulièrement : « Et toi tu es rattachée à qui ? »
Par Mary Mackay, chargée de communication de Pays de Montbéliard Agglomération.
Quand j’ai commencé à fréquenter mes homologues communicants internes, lors des Rencontres nationales notamment, j’étais très étonnée par le sentiment d’infériorité qui se dégageait parfois de certaines conversations. Arrivait toujours un moment où la comparaison avec la communication externe était mise sur le tapis. Alors certes, il y avait des éléments factuels : moins de postes, moins de budget, moins de moyens en général et surtout moins d’intérêt de la part de nos dirigeants. Voilà pour l’extrinsèque. Mais on ressentait autre chose, un sentiment, des non-dits. Il y avait comme un relent de moins prestigieux. C’était ça. La communication interne, c’était parfois un peu la communication de seconde classe. Pire, on savait bien qu’au moment du mercato postélectoral, des responsables de la communication passaient du côté de la communication interne, une forme de placardisation comme une autre. Horreur.
Mais ça, c’était avant. Parce que, depuis une dizaine d’années, on observe une montée en puissance de la fonction, doucement mais sûrement. Et un jour, miracle des crises (merci Covid et Grande Démission) qui te secouent un puzzle pour en faire retomber les pièces un peu partout, la communication interne a révélé son utilité aux yeux du monde. Bon, il ne faut pas exagérer, mais en tout cas aux yeux de nos directions générales, de nos élus et de nos collègues. Hier, et de plus en plus aujourd’hui, on observe une volonté de faire de la communication interne un levier managérial et, j’ose ce mot à la mode, un enjeu stratégique. Et voilà des agents qui se mobilisent pour créer des équipes, faire vivre la mission, militer pour son élargissement… Car elle est bien présente, on peut la ressentir chez les collègues, cette fierté de contribuer à une mission d’importance. Si, si, volontairement je vous dis ! Et un collègue de dire : « Quand je vois l’engagement, les compétences et la créativité de tous nos collègues communicants – internes – publics, je suis confiant. On finira par faire la une ! ? »
Et toi, à qui es-tu rattachée ?
Je préférerais qu’on me demande à quoi je suis attachée. Parce que, personnellement, je suis attachée à la communication publique tout simplement, à ses valeurs et à son sens de l’intérêt général. Mais voilà, nos institutions nous obligent à être rattachés. À une bulle, dans un organigramme. Une forme de servitude ? Un peu, oui ; au regard de qui dépend cette bulle. Le positif c’est d’y avoir une place, dans cet organigramme, il s’agit donc d’une reconnaissance, d’une légitimité, d’une existence réelle. Oui, la communication interne existe par elle-même, elle n’est pas noyée, diluée, absorbée par une autre direction. Enfin si, parfois, mais pas toujours et ça progresse ! Il n’y a qu’à consulter la Radioscopie de la communication interne dans les collectivités publiques réalisée en 2022 pour s’en convaincre : si la mission est encore jeune et se fait souvent en équipe réduite, les agents ayant répondu montrent une volonté et un optimisme quant à la nécessité et la pérennité du métier. C’est un signal fort et de bon augure pour l’avenir tant le chantier est vaste.
Alors qu’elles se nomment mission communication interne, direction de la communication interne et des innovations managériales, service communication interne… Que l’on soit chargé / responsable / directeur de la communication interne ou encore chargé de mission… On voit bien qu’il n’y a pas toujours les mêmes choses derrière ces appellations. Les retours sur la liste de discussion sont étonnants. Parfois la communication interne dépend :
- des pôles « ressources » : DGA ressources, moyens généraux, direction des ressources humaines… Une mission de service où l’agent sera au cœur des préoccupations. En prenant garde tout de même à ne pas s’enfermer dans une communication exclusivement thématique, juste RH par exemple, utile mais qui n’embrasse pas tout le prisme de l’organisation (1). La communication interne ne pouvant se réduire uniquement à cet aspect des choses, aussi important soit-il ;
- des pôles « administration générale » : direction générale des services ou secrétariat général. Une mission de projet où l’administration sera mise en avant. La communication interne devenant, au-delà d’un outil d’information et de communication, un réel outil managérial (2) ;
- des pôles « communication » : communication externe (elle-même sous la DGS ou le cabinet), communication externe et interne, relation aux citoyens ou démocratie participative… Une mission où la relation sera privilégiée et qui permet de traiter les sujets de communication sous des angles différents. Mais attention à ne pas en faire un simple outil de diffusion de l’information, enfermés que nous sommes parfois dans nos lignes éditoriales.
Une liste loin d’être exhaustive et non représentative mais qui montre combien cette mission est transversale et touche à tant d’aspects de la vie de nos collectivités. Est-ce le bon rattachement ? Je n’en sais rien, et il faut trouver celui qui correspond le mieux à son organisation et qui sert le mieux ses objectifs. N’est-ce pas là le principal ?
La communication interne, c’est avant tout le point de rencontre entre le projet politique (les élus), le projet d’administration (la direction générale) et la mise en œuvre (menée par les agents). Un bon positionnement se situe à la croisée de tout cela, il insuffle la relation. Et finalement, ce n’est peut-être pas tant la question du rattachement qui importe mais celle du portage. Parce que la communication interne, ce n’est pas qu’une technicité, c’est d’abord un état d’esprit.
(1) et (2) : Extraits issus de commentaires de communicants publics (articles sur le sujet sur les réseaux sociaux professionnels).
Photo de Kelly Sikkema sur Unsplash.