Le journal Le Monde signe un partenariat avec OpenAI
Dans cet accord, premier du genre en France, l’éditeur de ChatGPT et le grand quotidien national permettent à cette intelligence artificielle de s’appuyer sur les contenus du journal. Un pas de plus a été fait pour permettre à la presse de retrouver une viabilité économique dans un espace où l’information numérique passe plus souvent par des requêtes directes que par la lecture d’articles en ligne.
On pouvait le pressentir lorsque les négociations commençaient autour des numérisations par Google (souvenons-nous des réactions lorsque cela touchait la Bibliothèque nationale de France), un mouvement qui avait occasionné des réticences, de la part de Jacques Priol, par exemple. Aujourd’hui, plusieurs acteurs du monde des médias commentent cet accord, comme Bruno Donnet sur France Inter, avec en point de mire l’extension ou non de ce genre d’accord à d’autres grands titres de la presse et des questions portant sur l’éthique et la pluralité. Mais l’article annonçant cet accord, signé par Louis Dreyfus, président du directoire du Monde, et Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, publié le 13 mars est plus nuancé et explique dans le détail les modalités de ce mariage de raison. Les productions futures de cette IA générative feront ouvertement état de leurs références au corpus du Monde. Ce qui répond à l’une des critiques les plus courantes faites à l’IA qui se nourrit de ce qui existe déjà sur la toile sans citer clairement ses sources. Arguant d’avoir été les premiers signataires d’accord de « droits voisins » avec Facebook puis Google, les dirigeants du journal et du groupe Le Monde parlent de la valorisation des droits des éditeurs de presse et, finalement, du travail des journalistes d’investigation. Pour eux, « il faut, plus que jamais, rester mobiles pour éviter les périls qui prennent forme tout autant que saisir les possibilités de développement qui s’esquissent ».
Bonnes pratiques, charte et garde-fous
Dans ce texte, qui est une forme de communiqué de presse, les signataires reviennent sur leur état d’esprit, leur posture de journaliste et de dirigeant de presse, face aux évolutions majeures du secteur depuis l’apparition d’internet et des mutations des pratiques informationnelles. Ils avancent plusieurs exemples de bonnes pratiques incluant le recours à l’IA de façon contrôlée et raisonnée, comme lorsqu’ils décrivent la production de leur site Le Monde in English, grâce à l’application DeepL, mais faisant l’objet d’une reprise par des traducteurs professionnels avant d’être publié par des journalistes anglophones spécialisés. Notons également la mention faite à un autre article publié le même jour et qui présente la charte sur l’intelligence artificielle du journal Le Monde. Dans cet article on retrouve les préoccupations des journalistes sur l’emploi de la puissance de l’IA, la transparence des pratiques et les garde-fous à mettre en place, en rappelant que les intelligences artificielles génératives « ne peuvent en aucun cas se substituer aux équipes éditoriales ». On comprend bien l’urgence qu’il y avait à adopter cette charte puisque l’accord signé avec OpenAI prévoit une mise à disposition de cette technologie pour la rédaction. On notera au passage deux points imparables dans cette charte :
- « l’usage de l’IA générative pour créer des images est prohibé » ;
- et une des conditions du recours à l’IA générative est qu’elle permette « d’améliorer la qualité des contenus d’information ».