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Le réseau en transition, à Albi

Publié le : 16 avril 2025 à 21:31
Dernière mise à jour : 17 avril 2025 à 14:18

À la réunion régionale d’Albi, mercredi 2 avril à l’hôtel de ville, une évidence : partout les communicants publics rencontrent les mêmes défis, liés de près ou de loin aux transitions. La tension sur la relation citoyenne, le climat et les questions d’adaptation des infrastructures et des usages, les mutations technologiques et leur impact environnemental… Pour cela, nous en avons appelé à la robustesse de nos métiers et de leur réseau, à deux pas de la fière cathédrale d’Albi, solide sur ses piliers de brique !

Devant plus de 20 professionnels du Tarn ou de l’Aude, la réunion, co-conduite par le délégué général de Cap’Com et le dircom d’Albi, Thierry Blandino, a d’abord été un temps de rencontre et d’échange, comme à l’accoutumée. L’actualité du réseau, la vie de la coopérative, mais aussi des résultats d’études ont été commentés. Un retour sur le Forum de Lille a même été fait, non par les animateurs de la réunion mais par un communicant public, Cédric, lui-même présent au 36e Forum (c’était sa troisième participation). Le reste de la réunion a continué sur ce ton fraternel, y compris lors de la prise de parole de Stéphanie Guiraud-Chaumeil, maire d'Albi et présidente du Grand Albigeois, venue saluer les participants : « Je vais enfoncer des portes ouvertes en vous disant que la communication, pour les élus, c'est quelque chose d'absolument essentiel. » Elle détailla ensuite de façon très convaincante sa relation avec la communication publique : « Nous, on a l'impression de réussir à toucher les gens que l'on a envie de toucher. Mais pour cela il faut que l'on fasse preuve d'ingéniosité, d'inventivité. Nos concitoyens, parfois, ont tendance à se dire que, s’ils n’ont pas l’info tout de suite, ils l'apprendront à un autre moment. Et du coup, on a l'impression de devoir dire, redire, marteler. » Et elle poursuivit : « On voit bien que, quoi qu'on mette en place comme politique publique, quel que soit le niveau de dépenses liées à cette politique publique, ce n'est pas facile de le faire savoir. C'est finalement plus facile de réaliser un projet que de le faire savoir. »

Mieux communiquer les enjeux des transitions

Et c’est un moment d’une étonnante importance qui se déroule alors, avec une élue en dialogue avec les communicants publics du territoire et qui prend opportunément comme exemple une question de transition : « Aujourd'hui, tout le monde nous parle de la fameuse transition écologique, climatique. Tout le monde nous parle du verdissement de nos projets. Mais nous n’avons pas attendu que ce soit “à la mode” pour le faire. Quels que soient les projets que l’on développe les uns et les autres, ils ont depuis des années cette coloration environnementale, durable. Sauf que, jusqu'à présent, nous n’avons pas appris à le faire savoir. On se rend compte que, sur beaucoup de projets qui ont été lancés il y a quelques années, et on a peut-être oublié de dire, effectivement, qu'ils avaient cette connotation développement durable, celle d’une transition au sens large, qu'on nous demande justement aujourd'hui de valoriser. » Un échange qui parlera à de nombreux confrères et consœurs dans tout le territoire et qui pose une question importante à la veille d’élections municipales dont on ne sait pas combien elles mettront en avant des préoccupations de cette nature.

Nous menons beaucoup d’actions qui ont, d'une manière ou d'une autre, déjà un lien avec les transitions écologiques.
Sauf que, jusqu'à présent, nous n’avons pas toujours su le dire.

Stéphanie Guiraud-Chaumeil

Une maire qui poussa plus loin encore la réflexion sur la nécessité d’un échange permanent avec les citoyens, de devoir se former à cela, de prendre en compte la communication de façon stratégique et transversale : « C'est l'essence même, finalement, de toute notre action municipale. » Pour preuve, elle a conservé la délégation à la communication : « Il y a deux délégations que je n'ai pas données. La communication et le patrimoine. Et quand on est dans une ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, vous vous dites qu'effectivement, j'ai gardé pour moi les délégations qui vraiment ont du sens, qui font le sens de notre action publique. »

Les échanges entre communicants ont été eux aussi empreints de sincérité, sur tous les sujets, à commencer par celui des budgets.

« Là, il y a les budgets qui sont votés et la com fait partie des sujets où des efforts sont demandés.
– Pas plus la com que d’autres. Non, mais c'est la première fois, il me semble, que c'est aussi marqué, en tout cas.
– Pour diminuer le budget nous allons faire la part entre l'essentiel et le superflu. Il reste de grands marqueurs comme le magazine, il est très polyvalent.
– Les plus de 50 ans sont en demande de papier, ils aiment bien feuilleter, ils gardent.
– Parce que les gens nous demandent toujours autant de papier [dans le tourisme, ndlr]. Donc, on réduit, on fait attention à qui on donne. Si les gens sont là pour trois heures, on ne donne pas de doc. Si les gens sont là plusieurs jours, on leur propose le kit de découverte. »

Le sujet de l’IA arrive lorsque les échanges passent à la question des traductions (une constante, finalement, depuis plusieurs réunions régionales). Une communicante d’un office de tourisme parle du maintien d’une prestation de traducteurs : « Pour l'instant, ce sont de vraies personnes. » Mais elle complète : « Par contre, pour le site internet, on a 10 langues et là, c'est l’IA (qui est bien mieux qu'il y a cinq ou six ans). Nous l’utilisons pour des informations qui ne sont pas les versions traduites des plaquettes, mais toute l'offre touristique de la destination sur le site internet. »

L’intelligence artificielle fait son chemin

« Je pense que, sur des tâches qui peuvent être répétitives, disons, auxquelles on n'a pas spécialement le temps de se consacrer, on a déjà l'habitude. C'est vrai que l'IA peut vraiment aider.
– C’est pour moi un assistant. Sur des fonctions Excel, avec notre collègue, par exemple : elle ne savait pas comment faire une opération en deux secondes. On a demandé à l’IA comment faire, et ça nous a fait gagner du temps et de l’énergie.
– Pour nous l’IA, c’est aller chercher de l'info sur des marchés publics – peut-être un peu plus précise et assez rapidement – au lieu de solliciter le service des marchés.
– Oui, d'accord. Mais pas pour l'écriture du cahier des charges. Pour avoir le cadre.
– Il existe depuis au moins une vingtaine d'années une publication qui propose des modèles de discours. Beaucoup de collectivités sont adhérentes et utilisent donc des modèles de discours prémâchés. Alors pourquoi pas l’IA dans ce domaine également ?
– Je l’ai fait et quand j'ai envoyé le résultat à des collègues, aux collaborateurs, j'ai vu que personne n’osait me dire que c'était nul. Ce n’était vraiment pas très stylé.
– Moi, je le constate avec la presse quotidienne régionale. Des médias me l'ont dit : ils reprennent les communiqués, ils les passent dans une IA, ils publient.
– Moi, j'ai utilisé l'IA pour la refonte du site, pour des reformulations. Il faut aussi faire attention, ça dépend du prompt. Plus on est à l'aise avec le prompt, plus on a des réponses précises. »

La réunion prit fin sur une grande réflexion autour du temps du communicant public, absorbé par de nombreuses routines, appelé à œuvrer auprès de services très variés, attendu dans une relation avec la gouvernance et ses contraintes horaires à géométrie variable… Bref un sujet qui pourrait faire l’objet d’un temps de formation spécifique, pour mieux surnager et retrouver justement un peu de temps de réflexion !

Photo : Sébastien Pioch / Ville d'Albi.

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