Les 4 tendances 2020 de la presse territoriale

Le Prix de la presse et de l'information territoriale est un observatoire. Un observatoire des lignes éditoriales, du graphisme et des modes de distribution des publications, mais aussi des stratégies d'information. Les différents jurys professionnels qui ont analysé les dossiers des collectivités candidates savent bien que leurs regards permettent chaque année de dresser les tendances et les évolutions d'une presse foisonnante. Les changements qu'elle a effectués pendant la période récente de confinement illustrent aussi sa capacité d'adaptation et son efficacité pour toucher toutes les populations. Un constat qui engage bien le nouveau mandat municipal qui s'ouvre.

On le répète depuis un certain temps maintenant, le numérique est au centre du renouveau de la presse territoriale. Les jurys ont pu l’observer dans les publications candidates : la majorité d’entre elles développent (de façon plus ou moins aboutie) une stratégie plurimédia. En effet, même si toutes les collectivités n’ont pas de communication 360° autour de leur publication, les candidats observés possèdent tous au minimum une rubrique dédiée au magazine sur leur site internet avec la mise à disposition du magazine en pdf. Pour les autres, on joue sur la complémentarité entre le magazine papier et les supports web. Le relais sur les réseaux sociaux semble également aller de soi pour l’ensemble des candidats. Les réseaux sociaux (principalement Facebook) aidant à consolider le sentiment d’appartenance existant déjà avec le magazine papier chez les citoyens et à toucher une cible plus large qu’avec une distribution en boîtes aux lettres. Cette articulation des médias s'accompagne d'une organisation des équipes et de compétences nouvelles partagées.

De gauche à droite : L’Esprit d’Agglo (communauté d'agglomération de Saintes), Côté Croissy (Croissy-sur-Seine), Nancy Mag' (ville deNancy).

Certains se souviennent peut-être de Praxis, le magazine ultra-graphique sur le management de l’IAE de Poitiers, nominé l’année dernière. Eh bien cette année encore, on trouve quelques « OVNI » parmi les publications candidates. Il semble que les collectivités s’affranchissent des codes institutionnels pour donner naissance à des magazines dont les sujets traités, la forme, la périodicité, se détachent de ce que l’on connaît. La région Bourgogne-Franche-Comté, avec son magazine Local & Bio, a décidé de se concentrer sur la mise en avant des producteurs et artisans de la région. La ville de Malaunay, qui place l’humain au centre de son magazine, Le M, mise également sur un graphisme et un format original qui se plie comme un journal. Quant à la ville et métropole de Rennes, leur publication hors-série est un slow media qui décline, à chaque numéro, un thème de politique publique (« Aux arbres citadins ! » pour le n° de 2019).

De gauche à droite : Local & Bio (Région Bourgogne-Franche-Comté), Le M (Malaunay), Les hors-série (Rennes Ville et Métropole).

Considérées un temps comme le « parent pauvre » de la presse territoriale, les publications internes se révèlent de plus en plus qualitatives, que ce soit sur le fond comme sur la forme. La maquette du P’tit Mag de la communauté d’agglomération Seine-Eure est entièrement réalisée par les graphistes de la collectivité en s’inspirant des codes graphiques de la presse magazine. Grand Besançon Métropole va jusqu’à créer un dispositif complet d’information interne avec plusieurs supports et des temporalités de publications différentes. Chaque support répondant à un objectif bien précis : Mag 3, le trimestriel centré sur des articles de fond, et Mag 3 actus, une lettre mensuelle (passée en hebdo pendant le confinement) pour traiter les sujets d’actualité et garder un lien fort avec les agents. Il est d’autant plus évident que la com interne a joué un rôle charnière dans la gestion de la crise du Covid-19 et dans la valorisation des agents mobilisés pendant le confinement.

De gauche à droite : Le P’tit Mag (communauté d'agglomération Seine-Eure), Vue d’ensemble (Nantes Métropole), Mag 3 (Grand Besançon).

L'année dernière, Cap'Com relevait que « le magazine se veut toujours plus proche des habitants et des acteurs du territoire avec des reportages de terrain, des portraits mais aussi la mise en place de rubriques rédigées par les citoyens eux-mêmes ». Cette tendance se confirme cette année, renforcée par la volonté à l'approche des municipales de donner une place à l'expression des habitants. Même la presse des intercommunalités, longtemps confinée aux informations sur les services, évolue vers le city mag. « La récente refonte a permis de donner une orientation “city mag” à notre publication et d’en faire un magazine de territoire en accordant plus de place aux initiatives locales », explique le communicant d'une agglomération.