Mars, ce bon vieux mois rose
Désormais, le mois de mars se pare de rose. Ironique tellement c’est genré, mais passons : en mars, les droits des femmes et leurs lacunes sont sous les projecteurs. Plateaux télé, émissions en prime time, matinales, campagnes choc, discours léchés, visuels impactants. L’artillerie est de sortie, car on sait bien que c’est éphémère : déjà se profile le mois d’avril.
Par Pauline Moussalli, responsable de la communication interne de la ville de Mulhouse et de Mulhouse Alsace Agglomération.
Il y a deux ans, j’écrivais déjà ici sur la nécessité du 8 mars (je radote). J’ai relu mes mots et je me suis dit : « Wouah, tout pareil mais en pire. » Si j’ai le sentiment que nous avons enfin dépassé la phase du déni (en faisant abstraction des pépites sexistes d’un marketing en putréfaction), nous stagnons à présent dans une époque engluée dans une actualité faite d’inégalités, de violence machiste et d’injustice chronique. Cette année, le thème retenu pour le 8 mars était la place des femmes dans le numérique. Soit, ça change ! De toute façon, il y a tellement d’angles possibles qu’on pourrait les tirer au sort, ça tomberait toujours juste, vu l’étendue des dégâts.
Le progrès indéniable, c’est que l’on regarde enfin la réalité en face : en mars, chaque inégalité est sortie de son coin sombre. On parle des femmes oubliées par l’histoire, on actualise les chiffres du sexisme (et ce n’est pas beau à voir), on décompte les absentes aux Césars, on pointe les écarts persistants de salaire… Les choses sont dites, c’est clair, c’est net, souligné de rose. À ce jour, seul un ermite misogyne peut ignorer cette réalité.
Je suis de celles qui lisent et compilent, s’énervent et s’agitent, argumentent et pleurent. C’est épuisant. Mais nécessaire.
J’essaie aussi d’être optimiste, même si l’Onu table sur 300 ans. Viendra le temps de l’action réparatrice, collective et massive. Pas encore, le débit du fleuve est trop lent, les barrages trop nombreux. Fissure après fissure, astronaute femme après plainte pour viol. Les victoires et les avancées existent, je suis la première à m’en réjouir. Elles ne suffisent pas mais nous aident à patienter.
Alors en attendant, soyons fier·es de nos campagnes de com, de nos mises en lumière des femmes et de leurs capacités, et de toute la sororité que l’on pourra charrier. Un jour peut-être, nous n’en aurons plus besoin, et mars pourra retourner à ses premières amours, les hommes et la guerre.