Aller au contenu principal

Pages de com : « Technopolitique » par Asma Mhalla

Publié le : 30 mai 2024 à 07:18
Dernière mise à jour : 30 mai 2024 à 15:31
Par Andréane Lecarpentier

Face au constat d’un nouvel ordre mondial où s’affrontent – dans une volonté commune de puissance – les États (BigState) et les géants technologiques (BigTech), Asma Mhalla oppose l’innovation politique : une cogouvernance transatlantique et l’avènement d’un modèle démocratique symbiotique : vertigineux !

Dans les mêmes thématiques :

Elle a pris la parole chaque semaine sur France Inter durant l’été 2023 : en racontant les scandales technologiques récents (Snowden, Cambridge Analytica, cyberguerres, affaire TikTok), elle révèle les intentions cachées et communes du « BigState » et des « BigTech » : prendre le pouvoir, assurer sa toute-puissance, imposer son idéologie. Et gagner l’ultime champ de bataille que sont nos cerveaux, au détriment des démocraties – européennes en particulier.

Regarder un cran au-dessus

C’est à une démonstration politique et géopolitique – et non technologique – que se prête Asma Mhalla. À l’échelle mondiale, « ces technologies sont d’abord et avant tout des technologies de l’hypervitesse et de la symbiose (du vrai et du faux, du réel et du virtuel, du public et du privé, du civil et du militaire) ». En bref, elles mettent en œuvre un projet de « technologie totale », qui réunit domination économique, technologique et idéologique.

C’est fouillé, ultra documenté : 11 chapitres progressifs, 12 pages de sources et liens en fin d’ouvrage : des références en littérature classique et contemporaine, de la philosophie des lumières à Hannah Arendt, et une foultitude d’articles de presse américaine.

Un combat idéologique auquel les démocraties doivent répondre

Au siècle de la technopolitique, l’un des cœurs du problème est la question de la souveraineté.

Asma Mhalla

Asma Mhalla poursuit : « On aurait beau avoir des infrastructures souveraines, si, d’une part, elles restent perméables aux cyberattaques ou aux opérations de cyberespionnage par manque de maîtrise des standards de cybersécurité, et si, d’autre part, la société civile est poreuse aux attaques de l’esprit (désinformation, manipulations cognitives), alors nous n’aurons pas résolu le problème. »

Face à la crise du Léviathan à deux têtes – BigState et BigTech –, l’autrice propose d’introduire le « Big Citizen » : Américains et Européens doivent penser une nouvelle forme de souveraineté élargie, innovante et ouverte. Certaines tentatives s’expriment d’ailleurs déjà, comme le Digital Services Act ou le Cybersecurity Act. Il s’agit de politiser notre rapport à la technologie, de sécuriser la société civile en actant sa militarisation cognitive. Tiens, revoilà l’idée de (ré)armement ?

Technopolitique, comment la technologie fait de nous des soldats
Asma Mhalla
Éditions du Seuil
Février 2024
288 pages

Retrouvez l'ensemble des pages de com
Les pages de com