Pour contribuer à la transition, la communication publique devra être participative
Les communicants publics prennent conscience de leur rôle dans l’accompagnement de la transition socio-environnementale. Depuis quelques mois, cette réflexion est devenue centrale au sein du réseau Cap’Com.
Dans cette interview du délégué général de Cap’Com, publiée dans ID, le magazine de l’innovation territoriale, Bernard Deljarrie rappelle l’enjeu de la transition socio-environnementale pour les communicants publics. Le dossier du numéro 77 du magazine, « Crise(s) : les communicants en prise directe », a été réalisé en partenariat avec Cap’Com. Extraits.
ID - En quoi la communication publique est-elle en transition, selon le thème décliné actuellement dans le réseau Cap’Com ?
Bernard Deljarrie : « Tous en transition » est en effet le titre de Cap’Com tour, les mini-forums qui se tiendront dans les régions début 2021. La transition, sous l’effet de la crise climatique, est à la fois environnementale, sociale et économique. Autant dire qu’elle va conduire à des changements profonds que mesurent les communicants. Mutations de nos modes de consommation, de production, de déplacement. Mais plus profondément, les changements seront dans nos modes de vie, nos rapports collectifs, dans la gouvernance et l’action publique. La crise des gilets jaunes et maintenant la crise sanitaire nous permettent d’entrevoir que cette transition peut être difficile. Les communicants publics sont aujourd’hui conscients de leurs responsabilités face à ce défi. Ils savent que la parole publique devra être davantage audible pour accompagner des politiques publiques qui seront forcément contraignantes. Ils anticipent aussi le fait qu’il va falloir expliquer, convaincre et surtout contribuer aux changements de comportement.
ID - Dès lors, quelles évolutions s’annoncent pour le métier ?
B. D. : La communication descendante, trop institutionnelle, est, je crois, révolue. Pour contribuer à la transition sociétale, la communication publique devra être participative. « Il faut révolutionner la communication publique pour construire une meilleure implication et adhésion des citoyens », confirmait une récente tribune publiée à propos de la communication covid actuelle jugée « d'un autre temps, une communication de défiance ». La communication publique va aussi devoir adopter un ton nouveau. Pour faire prendre conscience des transformations qui s’imposent et surtout pour conduire à de réels changements de comportement, le communicant public va devoir construire un récit crédible sur un ton moins moralisateur, dé-technicisé, et donner à voir une vision du monde portée par de nouveaux codes du bien vivre ensemble. Concrètement, la compétence du communicant public ne sera pas seulement dans son savoir-faire de communicant. Elle se situera dans sa capacité à comprendre la société, l’opinion publique, les comportements individuels et collectifs, les attentes et les aspirations des citoyens.
ID - Pensez-vous que les nouvelles équipes installées lors des dernières élections municipales attendent cette expertise de leurs communicants ?
B. D. : Les programmes comme les nouveaux élus municipaux ont mis en avant deux priorités majeures. L’engagement de leur collectivité pour faire face au dérèglement climatique et la participation des citoyens. Certes, les discours sont plus faciles que les actes mais les Français jugent sur les résultats. La relation citoyenne, c’est-à-dire l’implication des citoyens, des usagers, à tous les stades de la construction des politiques publiques, est aujourd’hui essentielle au fonctionnement et à l’avenir de notre système démocratique. De plus, c’est une source d’efficacité de l’action publique, notamment pour accompagner la transition environnementale. Au regard de ces priorités, les élus sont de plus en plus souvent convaincus que le communicant public joue un rôle primordial notamment pour informer, expliquer, mobiliser, faire vivre la participation et faire évoluer les comportements.
ID - Le dernier Baromètre de la communication locale confirme-t-il cette attente des habitants pour une action publique plus participative ?
B. D. : Ce sondage grand public a été réalisé à l’issue de la première période de confinement et après les élections municipales. Les résultats traduisent que les Français, de manière générale, perçoivent très positivement les dispositifs locaux de concertation et de participation. Plus de 8 Français sur 10 considèrent que ces dispositifs sont une bonne chose pour que les élus aient une meilleure connaissance des attentes des citoyens, pour que les citoyens soient davantage associés aux décisions les concernant et pour faire émerger des solutions innovantes et améliorer directement les projets et politiques publiques.
De plus, le Baromètre mesure que la confiance envers les institutions locales et les élus de proximité reste forte. Cette confiance s’exprime dans l’appréciation que les Français portent sur la communication de leurs collectivités. Ils la jugent crédible et utile. Ils sont demandeurs d’une information plus abondante pour mieux comprendre et agir. Sur ce socle de confiance, la démocratie peut s’appuyer voire se renouveler à partir du local.