Pour nous, modestes fantassins de la démocratie, il est temps en 2019 de monter au front
2018 s’est clos sur la 30e édition du Forum Cap’Com. Depuis 1988, chaque année, les communicants publics s’y retrouvent pour échanger, se former et faire progresser le métier. C’est là - pour un réseau associatif professionnel - une très belle réussite collective. Ce 30e Forum marque une étape et 2019 doit être l’occasion de tracer des perspectives pour l’avenir de notre métier. L’enquête « Radioscopie des communicants publics » que Cap’Com vient de réaliser révèle que les communicants publics ont conscience que notre métier va profondément évoluer dans les prochaines années.
Par Bernard Deljarrie, délégué général de Cap’Com
Intervention d’ouverture du 30e Forum de la communication publique de Lyon, le 5 décembre 2018
Demain, serons-nous encore des communicants ?
En animant depuis deux ans un séminaire universitaire sur la communication publique et en donnant au 30e Forum le titre « Au-delà de la com », Cap’Com porte cette réflexion sur notre métier qui est passé de l’information à la communication. Et demain, serons-nous encore des communicants ?
Les changements dans notre métier viendront des nouvelles missions et des nouveaux outils qui s’ouvrent à nous : relation au citoyen, civic tech, marketing territorial, marketing des services, e-administration, gestion des données, travail collaboratif, animation de communautés et de réseaux…
Les changements viendront aussi des évolutions institutionnelles : les réformes territoriales ne sont pas achevées, la prochaine collectivité alsacienne en est un exemple. Et l’administration centrale, les services publics et la fonction publique sont aussi appelés à de profondes mutations.
Mais ce qui est nouveau, ce qui va fortement impacter notre métier, c’est l’actualité qui nous le rappelle.
Le mouvement des gilets jaunes illustre la période politique inédite
Nous sommes entrés dans une période politique inédite et le mouvement des gilets jaunes nous l’a illustré violemment. Les fractures sociales et territoriales font naître des revendications légitimes. Mais elles s’expriment aujourd’hui dans une société où la défiance s’est creusée envers les institutions, les élus et les instances représentatives. Dans une société où l’information a pris des formes totalement nouvelles, où la parole publique n’est plus considérée et où les médias sont ouvertement décriés.
Dans plusieurs pays européens, cette situation a conduit au succès de discours populistes qui se sont traduits par des régressions démocratiques que nous imaginions d’une autre époque.
Au regard de 30 années d’histoire de la communication publique, cette situation est sans précédent.
Quelle communication publique va accompagner la transition environnementale ?
Une autre actualité nous rappelle aussi que nous entrons dans une période nouvelle. La 24e conférence sur les changements climatiques vient de le confirmer - et nul ne peut plus l’ignorer aujourd’hui - la transition environnementale est engagée et elle va être difficile pour tous. Quelle communication publique va parvenir à expliquer l’ampleur des changements qui s’imposent déjà ? Quelle communication va accompagner les politiques publiques contraignantes qui seront inévitables ? Quelle communication publique va aider les citoyens à s'accommoder d’un nouvel environnement ?
Prenons la parole pour collectivement mettre la communication publique à la place qui doit être la sienne, prête à affronter ses propres défis qui sont aussi ceux de la société.
Nous, communicants publics, nous œuvrons pour une société qui se parle, qui s’écoute, qui se comprend. Une société où la communication fait lien entre les gens et entre les territoires, où la communication fait sens et contribue à construire un avenir collectif.
Nous sommes de modestes fantassins de la démocratie, et je crois qu’il est l’heure de monter au front.
Alors prenons la parole, profitons qu’existe le Forum, que vit ce réseau professionnel, pour collectivement mettre la communication publique à la place qui doit être la sienne, prête à affronter ses propres défis qui sont aussi ceux de la société.