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Sites web éco-responsables : le discours de la méthode en cinq points

Publié le : 19 janvier 2023 à 07:19
Dernière mise à jour : 26 janvier 2023 à 12:48
Par Andréane Lecarpentier

Il y a quelques mois, neuf collectivités se voyaient distinguées par l’Observatoire socialmedia des territoires pour le caractère éco-responsable de leur site internet. Au-delà de l’exemplarité de leur démarche, dégageons cinq repères généraux qui jalonneront toute démarche de rénovation ou de refonte de sites web de collectivités ou de service public.

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Au préalable, il n’est pas inutile de rappeler qu’un site internet, avant d’être une somme de choix techniques, doit apporter une information publique pertinente et des services utiles et accessibles. Le site internet éco-responsable sera donc un ensemble de choix – et donc de renoncements – de fonctionnalités et de contenus jugés fondamentaux.

1. Soigner l’ergonomie

Face à l’infobésité, il est urgent d’alléger la charge de production des services comme la charge mentale du lecteur.

Franck Confino

L’ergonomie et l’architecture de l’information ont longtemps été un gros point faible des sites internet des collectivités locales. On a vu par le passé des rubricages complexes à plus de sept entrées de niveau 1 et plusieurs niveaux, où il fallait plus de 50 clics pour faire le tour du site.

« Face à l’infobésité, il est urgent d’alléger la charge de production des services comme la charge mentale du lecteur », invite Franck Confino, à l'origine de l'Observatoire socialmedia des territoires et des Hashtags.

Il faut admettre que les collectivités ont fort à dire et que les sujets débordent des placards : actualités, démarches administratives et démarches en ligne, dossiers spéciaux, projets au long cours. Il existe pourtant des moyens efficaces pour mettre de l’ordre et créer le bon accueil.

Faire simple, efficace, rendre toutes les informations accessibles en deux clics, dans la logique du récepteur et non de l’émetteur, c’est en réalité beaucoup de temps de travail. Surtout lorsque s’ajoute la nécessité d’être pensé et optimisé pour mobile (« mobile first »), ce dernier étant devenu l’écran préféré de deux tiers des Français.

Pour résumer, l’ergonomie d’un site passera par exemple par :

  • une arborescence simple en deux niveaux ;
  • une page d’accueil structurée (par usager ou par contenus éditoriaux vs e-services ou par pages les plus consultées) ;
  • un moteur de recherche évident ;
  • la présence d’un fil d’Ariane pour se situer dans les pages et revenir en arrière ;
  • l’indication de progression ou de temps de lecture.

Responsiweb, outil d’analyse en accès libre

Les neuf sites lauréats des Hashtags 2022 sont issus d’une présélection de 45 sites web par l’outil gratuit Responsiweb édité par l’Observatoire socialmedia des territoires. Responsiweb évalue l’impact écologique et l’aspect éthique de 15 000 sites internet publics selon trois notes :

  • une note écologique, relative à l’impact énergétique de la consultation du site ;
  • une note éthique, liée au respect des données personnelles et à l’accessibilité ;
  • et la note globale, moyenne pondérée des deux précédentes.

Des jurés experts, membres du comité de pilotage de l’Observatoire, se sont dans un second temps immergés dans chaque site pour en analyser la pertinence selon cinq critères magistraux : ergonomie, graphisme, rédactionnel, fonctionnalités, obligations légales. Cet article détaille ces critères, à partir du travail des membres du jury.

Les lauréats et les membres du jury des Hashtags 2022 lors de la cérémonie de remise des prix
Les lauréats et les membres du jury des Hashtags 2022 lors de la cérémonie de remise des prix

2. Donner une intention au graphisme

Toutes les études UX sur le sujet démontrent qu’un internaute se fait une idée d'un site internet (positionnement, crédibilité, affinité) en seulement quelques secondes et sur un seul critère : le webdesign. Celui-ci suit des tendances, dictées par les usages en cours, et une exigence : répondre uniquement aux besoins de l'internaute. On parle d'UX design.

« En webdesign aujourd'hui, l’épure et l’éco-conception ne sont pas une mode, car elles permettent d’optimiser l’expérience utilisateur en consommant peu de ressources, donc en affichant l’information plus rapidement », se félicite Franck Confino. Et les membres du jury des Hashtags de compléter en commentaires de leurs analyses : « On se passerait bien du slider », « La vidéo en lecture automatique, est-ce vraiment sérieux en termes d’éco-conception ? ».

Quant à l’accessibilité, imposée par le RGAA, elle impose aussi des contraintes bénéfiques au webdesign et que tout développeur doit maîtriser pour le secteur public.

Concrètement, un webdesign responsable se traduira par des solutions techniques ou graphiques simples :

  • favoriser un design simple, épuré et contrasté ;
  • privilégier les polices standard ;
  • recourir à des images vectorielles et de tailles réduites ;
  • limiter les vidéos.

3. Éditorialiser le rédactionnel

Les qualités rédactionnelles d’un site se mesurent au regard du soin apporté aux titres, aux chapôs et à la structuration des contenus : ces éléments sont interprétés dans les premières secondes de consultation du site.

Il faut pratiquer une rupture de style révolutionnaire avec tout ce qu’a pu produire l’administration auparavant.

Franck Confino

« Pour bien écrire sur le web, il faut non seulement respecter les règles “techniques” propres à ce média (pyramide inversée, 5W, SEO), mais aussi et surtout pratiquer une rupture de style révolutionnaire avec tout ce qu’a pu produire l’administration auparavant », interpelle Franck Confino. En d'autres mots : simplifier drastiquement le discours, bannir les acronymes et tics de langage de l’administration, être clair et sobre, répondre aux besoins d’informations pratiques, de guidage dans les démarches en ligne.

« Ça reste toujours très ampoulé, écrit par des journalistes de magazine municipal et assez loin du Falc », regrette un membre du jury. Et, à l’opposé, « les FAQ et les contenus enrichis sont les points forts de ce site ! ».

Les contenus enrichis – vidéos, sons, infographies, chiffres, cartes – apporteront également pédagogie et diversité d'approche si utilisés avec utilité.

4. Ciseler ses fonctionnalités

Le cahier des charges technique et fonctionnel, c’est le cœur du réacteur du site internet. Il recense les besoins exprimés par les services ou la population, les solutions pour faciliter des démarches, le paiement de factures, des inscriptions utiles. L'enjeu n’est pas de mettre en œuvre à tout prix des solutions pour être dans la mouvance technologique, mais bien, de manière réfléchie, de satisfaire les besoins pratiques.

Et le cahier des charges précisera clairement l'exigence de recourir à une solution unique d'authentification, techniquement appelée SSO (single-sign on) : c’est le fameux « guichet unique virtuel ».

Le moteur de recherche, plébiscité par les internautes, doit être performant et évident. Ils ne veulent plus passer par les menus, jugés trop complexes.

Idem pour la présence des médias sociaux : a minima elle sera mentionnée en header et footer, mais, si les réseaux sociaux contribuent au trafic de votre site internet et à votre stratégie numérique, alors le socialwall s’impose, avec plusieurs variantes selon qu'on souhaite le rendre éco-responsable ou pas.

5. Respecter les obligations légales, en particulier l’accessibilité

Le secteur public se soumet à des réglementations qui lui sont spécifiques. Le RGAA, en particulier, est une obligation légale qui date de 2005. Le handicap est l’un des enjeux les plus importants du secteur. « Quelle déception de constater que beaucoup de grandes collectivités ne respectent toujours pas cette obligation », regrette Franck Confino. Certes l’accessibilité est une démarche transverse et pluridisciplinaire. Mais elle n'est pas aussi complexe qu’on pourrait le croire. « Sur le plan technique, le but est que le code source du site respecte une série de normes permettant à une personne handicapée d’en avoir lecture avec ses propres outils. Mais cela demande aussi un travail de communicant dans la production de contenus », poursuit Franck Confino.

Depuis le 23 septembre 2019, tous les sites internet des collectivités et organismes publics doivent non seulement être accessibles aux personnes handicapées mais aussi afficher publiquement un certificat de conformité, avec son niveau d'accessibilité. Et même si le site est non conforme !

Est-il enfin nécessaire de rappeler qu'aux côtés des mentions obligatoires doivent figurer les informations sur la gestion des données personnelles et les cookies (respect du RGPD, autorisation de dépôt de cookies et mention du Délégué à la protection des données).

Cet article a été publié dans le numéro 581 de Point commun :

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