Tout le monde n’est pas à la fête
L’Observatoire des inégalités vient de publier son nouveau « Rapport sur la pauvreté en France », un utile éclairage sur la situation d’une partie des habitants auxquels nous sommes censés nous adresser.
Par Alain Doudiès, consultant en communication publique, ancien journaliste, membre du Comité de pilotage de Cap’Com.
Ce n’est pas pour casser l’ambiance ni gâcher vos prochaines joyeuses et goûteuses agapes. Ce n’est pas, non plus, pour susciter apitoiement et charité. Mais pour mieux connaître la société dans laquelle nous vivons et travaillons. Pas de mauvaise conscience, mais pleine conscience de certaines réalités.
Créé en 2003, l’Observatoire des inégalités est un organisme indépendant des institutions et des entreprises. Il dresse un état des lieux dans différents domaines (revenus, éducation, emploi…) ou entre catégories de population. Son troisième Rapport sur la pauvreté en France fournit un panorama très fouillé. Il inscrit son travail dans un double refus de positions dans le débat public : alarmisme abusif et négation de la réalité.
4,8 millions de pauvres dont la moitié de moins de 30 ans
Donc, brassée de chiffres… pour parler d’humains.
En France, 4,8 millions de personnes sont pauvres (Insee 2020), c’est-à-dire que 7,6 % de la population vit sous le seuil de pauvreté fixé à 940 euros par mois pour une personne seule, en comptant les prestations sociales.
- 7 millions de personnes, adultes et enfants, doivent se contenter des minimas sociaux pour vivre.
- Protection sociale aidant, la pauvreté n’explose pas. Mais elle ne baisse plus depuis trente-cinq ans. Le niveau de vie des 10 % les plus pauvres stagne depuis le début des années 2000 : 723 euros par mois en 2002, 726 euros en 2019.
- 300 000 personnes sont sans domicile (source : Fondation Abbé Pierre).
- Entre 2 et 4 millions de personnes font appel à l’aide alimentaire.
- La moitié des pauvres ont moins de 30 ans, enfants de parents pauvres ou jeunes parmi les moins diplômés.
- La moitié des pauvres sont des célibataires avec ou sans enfants, notamment des femmes seules avec enfant(s). 19 % des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté.
- La moitié des pauvres sont inactifs (femmes au foyer, chômeurs, parfois retraités).
- Il y a 1 million de travailleurs pauvres. Leur niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté.
- 19 % des immigrés sont pauvres contre 7 % des non-immigrés.
1 million de cadeaux à la poubelle
Deux coups d’œil, pour finir.
L’étude réalisée par l’ObSoCo et Goodwill Management sur les impacts environnementaux des fêtes de fin d’année indique que, sur les 300 millions de cadeaux offerts par les Français, 2,5 millions sont revendus sans avoir été utilisés et 1 million sont directement jetés.
Télescopage, récemment, dans ma boîte aux lettres : un 4 pages des Petites Sœurs des pauvres appelant à la solidarité ; à l’intérieur de ce document, deux catalogues proposant « verres à vin irisés », foie gras, saumon et autres.
Bon appétit !