Trop discrète, la com publique ?
Chez les communicants comme partout, il y a les optimistes irréductibles. Ils chantent les vertus d’un virus qui aurait réalisé en quelques jours ce dont nous rêverions depuis toujours : taxes et impôts mis au placard, réforme des retraites suspendue, silence retrouvé et pollution en berne…
Par Pierre Geistel, ancien chargé de communication de la région Nord-Pas-de-Calais.
Il y a aussi les Cassandre. Ils répètent que le virus malveillant nous en fait voir de toutes les couleurs et que le noir reste à venir.
Il y a les reconnaissants, qui remercient les combattants en première ligne et, parfois, les aident concrètement : des personnels soignants aux caissières des supermarchés, les rangs sont serrés.
Il y a les solidaires, plus nombreux chaque jour : « Nous partîmes 500, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 3 000 en arrivant au port. » La plupart des Rodrigue ont toujours du cœur mais beaucoup aiment aussi que ça se sache : dons et émotions s’affichent dans les médias.
Face à ces débordements, la communication publique semble bloquée à deux niveaux :
- la pédagogie de la répétition, qui martelle les mesures barrière et le « restez chez vous ! » ;
- la navigation à vue, au gré des décisions officielles, expliquées et commentées à tant de niveaux différents qu’une chatte n’y retrouve pas ses petits.
Les villes et les agglomérations restent plutôt discrètes, tout au moins dans mon coin de l’ex-Bassin minier. Elles relaient les consignes et notes officielles, elles informent des aménagements de service et d’horaires, mais ce n’est pas toujours très visible ni lisible.
Sans doute, les équipes préparent-elles « l’après ». Quand il faudra réparer les difficultés sociales et les dommages économiques : déjà un défi majeur, et pas que pour la communication publique. Sans compter les désordres humains, auxquels il faudra se consacrer cœurs et âmes.