« Apporter de la clarté par les tendances va avoir de plus en plus de valeur »
À la tête de L’ADN, le média des tendances et des mutations, Adrien de Blanzy observe les comportements émergents et les grandes transformations sociétales. Avec son regard affûté sur le présent et son approche intuitive des signaux faibles, il présidera cette année le jury du 36e Grand Prix de la communication publique et territoriale. Avant d’endosser ce rôle avec enthousiasme et engagement, il nous fait part de ses réflexions sur l’évolution des usages, sur la communication publique et sur les tendances clés de demain.
Initialement formé à la production audiovisuelle, Adrien de Blanzy crée le Groupe d’Après en 2006, devenu L’ADN en 2018, et dont le projet est de comprendre les innovations complexes qui façonnent en tous sens notre présent.
Point commun : Vous présidez L’ADN, tendances & mutations, un média souple et multiforme. Comment le définissez-vous ?
Adrien de Blanzy : L’ADN est le média des tendances et des mutations. À travers notre newsletter quotidienne et nos publications papier, nous essayons de comprendre la psyché de l’époque...
Vaste mission ! Chaque jour, nous tentons de déchiffrer ce qu’il y a dans la tête des gens. Quels sont leurs nouveaux comportements ? Leurs nouveaux usages ? Et quelles sont les conséquences de ces changements ?
Quand nous avons créé L’ADN il y a 10 ans, nous avions le désir de raconter la révolution numérique, et surtout comment cette révolution allait tout changer : nos comportements, nos économies, et notre géopolitique.
Nous essayons de donner les bonnes clés de lecture pour permettre à nos lecteurs de distinguer l’anecdotique du structurant.
Point commun : À qui vous adressez-vous ? Quelle est votre ligne éditoriale ?
Adrien de Blanzy : Dans un monde comme le nôtre qui est de plus en plus incertain, apporter de la clarté par les tendances va, je pense, avoir de plus en plus de valeur, et c’est notre raison d’être. Nous nous adressons aux entreprises et aux institutions, que nous confrontons aux nouveaux comportements des individus. Mais nous nous adressons aussi à tous les curieux de l’époque ou encore à celles et ceux que le présent inquiète, et qui ont besoin de clarté dans ces bouleversements permanents.
Nous essayons de donner les bonnes clés de lecture pour permettre à nos lecteurs de distinguer l’anecdotique du structurant, et les aider à concentrer leurs forces sur les sujets vraiment importants pour eux.
Point commun : Comment êtes-vous entouré pour produire ce média, quelle organisation, comment recrutez-vous (place des femmes, profils marquants, etc.) ?
Adrien de Blanzy : Nous avons une rédaction, menée depuis 10 ans par notre directrice de la rédaction, Béatrice Sutter, et une équipe de journalistes. La diversité des sujets que nous traitons nous amène aussi à travailler avec de nombreux journalistes pigistes spécialisés. En interne, nos journalistes développent des expertises fortes qui nous sont précieuses puisque nous suivons nos sujets au fil des mois et des années. Au quotidien, un travail de veille internationale très important est réalisé : nous sommes connectés à de nombreux blogs, médias et contacts aux quatre coins du monde, et c’est indispensable.
Au-delà de la rédaction, L’ADN Studio – la structure de L’ADN dédiée aux entreprises et aux institutions – est également composé de journalistes en interne et d’une équipe de planning stratégique.
Les équipes sont distinctes pour des raisons de déontologie, mais le partage des savoirs est permanent. Les équipes se réunissent chaque jeudi matin pour échanger sur leur veille, au cours de ce que nous appelons en interne « le feu de camp ». C’est très important pour faire culture commune.
Au niveau de la diversité des profils et de la parité dans l’équipe, nos équipes sont quasi paritaires et multigénérationnelles (entre 25 et 55 ans). C’est également très important pour nous, afin de disposer de regards multiples sur les sujets. Nos recrutements vont dans ce sens.
Point commun : Comment faites-vous pour être à l’écoute des signaux faibles et, surtout, comment les repérez-vous au milieu des effets de mode ?
Adrien de Blanzy : Je parlais précédemment de l’importance de notre travail de veille, mais nous partons beaucoup du terrain. Nous identifions souvent un sujet sur le web par notre veille, puis nous partons enquêter sur ce sujet avec notre propre méthodologie. Nous nous intéressons d’abord à ceux qui vivent ces mutations à travers des enquêtes terrain, puis nous nous intéressons aux nouveaux business qui naissent du fait de ces nouveaux comportements, et enfin nous partons à la rencontre des penseurs de ces sujets (chercheurs, sociologues...). Ce triptyque dans notre méthodologie nous permet non seulement d’avoir un regard assez global sur les sujets, mais aussi de distinguer, comme je le disais tout à l’heure, l’anecdotique du structurant.
Point commun : Votre ton est volontairement contemporain, hyper connecté, avec une bonne dose de prospectivisme, mais comment cela se traduit-il dans votre manière d’appréhender l’information et son traitement ?
Adrien de Blanzy : Pour mener à bien ce désir d’apporter de la clarté à l’époque, notre ton éditorial est hyper important. Nous voulons être clairs, directs, drôles, proches de nos lecteurs..., avec un ton très ancré dans l’époque.
Nous ne nous revendiquons pas prospectivistes. Notre mission, c’est de comprendre le présent, et je pense que nous parvenons à regarder avec justesse à 12 mois. Il me semble très difficile d’aller au-delà, compte tenu de cet état de permacrise incessant. Dans ce flot continu, je pense que nous avons cultivé une forme de résilience face à l’information. La diversité des sujets que nous traitons nous permet assez vite de distinguer ce qui nous semble intéressant. Et c’est là que l’intuition joue son rôle. Nous cultivons notre intuition chaque jour grâce à notre newsletter quotidienne, comme un muscle. Bref, nous pratiquons une sorte de fitness quotidien des tendances !
L’intérêt général, à l’époque des selfies et des grandes inquiétudes, est un ciment de la société que la communication publique participe à solidifier chaque jour.
Point commun : Selon vous, quelles sont les deux ou trois tendances 2025 à prendre le plus au sérieux pour anticiper les dynamiques sociétales de demain ?
Adrien de Blanzy : Comme nous sommes généreux à L’ADN, je vais vous en donner 10, qui structurent le livre L’ADN des Tendances de société 2025, qui vient de paraître. Dans ce livre, on vous parle de la façon dont certains trackent leurs datas santé, de la quête de jeunesse éternelle, mais aussi de testostérone, et de MMA (ce sport qui monte). On vous dévoile les nouveaux modes de consommation, et comment l'écologie a été effacée. On vous explique pourquoi on ne veut plus travailler comme avant. On vous raconte comment se composent les nouvelles familles, et nos nouvelles relations d'amour et d'amitié. On vous révèle les rêves des trolls des forums, et comment les IA ont déjà conquis notre quotidien.
Point commun : Quel regard portez-vous sur la communication d’intérêt général et comment investissez-vous cette présidence du Grand Prix 2024 ?
Adrien de Blanzy : Communiquer pour l’intérêt général, c’est tellement précieux ! C’est permettre l’accès à des aides, à des services que les plus fragiles ne connaissent pas toujours, c’est cultiver le vivre-ensemble, c’est marteler l’importance du service public. L’intérêt général, à l’époque des selfies et des grandes inquiétudes, est un ciment de la société que la communication publique participe à solidifier chaque jour. Je suis très admiratif de la créativité des campagnes d’intérêt général, qui se construisent bien souvent avec des budgets moins importants qu’ailleurs. Pour ces raisons, je suis fier d’assurer cette année la présidence du 36e Grand Prix de la communication publique et territoriale. Je suis aussi évidemment très impatient et curieux de découvrir les cas proposés cette année.
Le Grand Prix Cap’Com de la communication publique et territoriale
Le Grand Prix Cap’Com récompense les campagnes de communication des collectivités locales, institutions publiques et associations d'intérêt général. Au-delà de la reconnaissance de la qualité du travail des professionnels de la communication publique et territoriale, le Grand Prix est un véritable observatoire des tendances du secteur. Les jurys se réuniront début novembre pour analyser les campagnes candidates. Le palmarès complet sera présenté le jeudi 12 décembre 2024 à Lille en clôture du 36e Forum de la communication publique et territoriale. Cette cérémonie de remise des prix sera l'occasion de benchmarker et de partager les meilleures pratiques de l'année, en présence des lauréats, des membres du jury et du président du Grand Prix Cap'Com 2024.