Comment éco-concevoir notre communication ?
La transition vers une communication publique plus responsable commence par la mise en place d’une démarche d’éco-conception de tous les outils et les actions de communication de sa collectivité. Mais comment faire concrètement ?
La définition de la communication responsable est précise. C’est une communication qui intègre les enjeux écologiques, qui est davantage à l’écoute des citoyens et des parties prenantes, et qui prend en compte autant la manière de délivrer les messages que leur contenu.
Il s’agit donc pour le communicant public, précise Valérie Martin, « de s’interroger sur les messages mais aussi sur la façon dont on va les délivrer ». Intervenante lors d’une formation de Cap’Com, la cheffe du service Mobilisation citoyenne et médias de l’Agence de la transition (Ademe) insiste sur la nécessité de réduire l’impact environnemental de nos actions communication, préalable à toute communication sur l’accompagnement de la transition écologique.
Pourquoi donc se lancer dans une telle démarche d’éco-conception de la communication de sa collectivité ? En quoi est-ce aujourd’hui une nécessité ? Quels en sont les avantages ? Quelles en sont les conséquences budgétaires ? Quels outils et actions peuvent-ils être concernés ? Qui mobiliser ?
Réduire les impacts environnementaux de nos outils et des actions de communication, c’est s’engager dans une démarche. Celle-ci, au regard de l’atelier sur l’éco-conception qui s’est tenu le 2 avril dernier dans le cadre de Cap’Com tour, se doit d’être concrète et construite dans le temps.
Bien évidemment, il faut personnellement être d’abord convaincu que la transition écologique est une nécessité et que limiter les impacts sur l’environnement de ses actions de communication y participe. « Mais les communicants publics sont vraisemblablement parmi ceux qui sont les plus responsables face aux impératifs environnementaux », reconnaît Dominique Robin, directeur de la communication du département de la Loire-Atlantique et animateur de ce temps d’échange.
Comprendre les enjeux et identifier les solutions
Pour animer une démarche d’éco-conception, il faut être un peu pédagogue. D’où la nécessité de bien comprendre les enjeux pour identifier les solutions qui peuvent être mises en œuvre. Comme le rappelle Valérie Martin, il faut indéniablement se former. L’éco-édition, la réduction de l’impact environnemental du numérique, l’organisation d’un événement éco-responsable, cela n’a rien d’évident et il appartient au communicant d’être l’expert de l’éco-conception dans son métier.
L’éco-responsabilité d’un événement concerne le lieu, l’accessibilité, les stands, le matériel, la promotion, la restauration, la documentation, le démontage, les déchets…
Cette compréhension des enjeux passe aussi par la perception des avantages pour la collectivité. Et ils sont nombreux. Éviter le décalage avec les annonces des élus. Mettre en cohérence ses activités de communication avec les engagements de la collectivité. Obtenir des résultats concrets pour les valoriser et renforcer l’image de l’institution. Nouer une relation de dialogue avec toutes les parties prenantes, usagers, habitants, associations, commerçants, etc. Redynamiser les équipes autour d'un projet porteur de sens. Et faire des économies grâce notamment à la culture de la sobriété.
Une démarche conduite par étapes
« Cette démarche, il faut la planifier dans la durée », explique Judith Provencher, directrice de la communication de la ville de La Rochelle. Une recommandation issue de son expérience après plus de six mois de conduite d’un projet d’éco-conception de la communication. Une démarche qui passe, selon la spécialiste qu’elle est devenue, par plusieurs étapes.
L’exploration, c’est-à-dire la sensibilisation des équipes communication, atelier d’impression, créatifs, protocole, service événement, informatique. L’objectif est de nourrir les interrogations, des questionnements sur les pratiques.
L’état des lieux, pour mettre en chiffres l’impact des pratiques de communication. L’objectif est de disposer de données permettant de mesurer les améliorations.
La co-construction des objectifs. L’objectif est de positiver en s’appuyant sur les compétences des personnes, sur leurs capacités d’innovation. « Une étape agréable, révèle Judith Provencher, car on découvre des tas de solutions. »
La décision. Une étape indispensable pour faire valider les objectifs par l’administration et par les élus. Car les mesures prises changeront des pratiques et des comportements au sein de la collectivité.
La réalisation, étape ultime mais envisageable seulement si les étapes précédentes ont bien été conduites.
Auto-évaluer vos événements
Depuis mi-avril, le site Adere permet aux responsables d’événements de réaliser en ligne un autodiagnostic pour évaluer les impacts sur l’environnement de la conception à la réalisation de tout événement.
Des solutions concrètes
Et là, se mettent en œuvre toutes les bonnes idées issues de ce travail collectif. Et à La Rochelle, les bonnes idées furent légion. Par exemple, la refonte du site a permis de passer de 1 150 pages à 250 pages. Les impressions noires ont été remplacées par des impressions en gris 85 %, ce qui a diminué par deux la consommation de toner. Les huîtres servies lors des événements sont recyclées pour le pavage des rues. Les musées de la ville prêtent aux visiteurs des guides réutilisables, ce qui économise l’impression de 10 000 guides par an. Sur tous les cartons d’invitation, les typos choisies consomment moins d’encre.
Une communication éco-responsable : exemples d’actions concrètes
- Utiliser des typos qui consomment moins d’encre.
- Imprimer en recto verso et en gris 85 %.
- Éviter les papiers spéciaux et les pelliculages.
- Intégrer des critères environnementaux dans le choix des prestations (stands modulables, démontables et réutilisables, alimentation issue de l’agriculture biologique, éclairage économe en énergie, etc.).
- Limiter les objets promo, privilégier ceux conçus à partir de matières recyclées et produits localement.
- Supprimer le jetable, miser sur les renouvelables, favoriser le tri et le recyclage.
- Limiter le contenu du site internet en supprimant les pages jamais lues.
- Redimensionner les images avant de les charger dans un gestionnaire de contenu de site.
- Faciliter la lecture à l’écran pour éviter les impressions.
- Réaliser un « format impression » avec une mise en page qui limite les consommations d’encres et de papier.
- Éviter le déclenchement automatique des vidéos incluses dans les sites.
Face à la transition écologique, « les communicants sont appelés à être en première ligne », reconnaît Dominique Robin, membre du Comité de pilotage de Cap’Com. « Mais les solutions sont à la portée des communicants publics et les initiatives prises par le réseau Cap’Com sont là pour les aider. » De nombreuses ressources sont à la disposition des communicants publics. Notamment, rappelle Dominique Robin, le nouveau Guide de la communication responsable, publié par l’Ademe et le site de la communication responsable.
Photo d'illustration de l'article : préparation d'un événement éco-conçu par Grand Paris Sud - dans le cadre de la campagne 23 nuances de Green.