Dircoms, êtes-vous des managers ?
Les dircoms sont-ils de bons managers de leur équipe ? À l’heure de la baisse des moyens et des nombreuses réorganisations des collectivités, la question managériale prend une place croissante dans les services communication. Plusieurs d’entre-eux ont sollicité Cap’Com pour être accompagnés dans la structuration et l’organisation des équipes. Alain Doudiès, qui a conduit ces formations, nous livre son regard sur la place du management dans la communication territoriale.
par Alain Doudiès
Consultant, ancien dircom du département du Gard et formateur Cap'Com
« Management, connais pas ! ». Abrupt, ce jugement, provoqué par la petite place occupée par les questions de ressources humaines dans les papotages et les déballages, au sein de la tribu des communicants publics. Pour les R.H., guère d’engouement. Comme si la conduite des équipes était accessoire, si cette responsabilité engendrait une compétence spontanée ou si se cachait un impensé de nos métiers. Cependant cette question est d’autant plus aiguë que le dircom est doublement exposé : en charge de la traduction des enjeux institutionnels et politiques et chargé d’animer des relations transversales dans la collectivité.
En tout cas, s’il y a un souci qu’en rentrant à la maison, le(la) dircom ne peut pas se sortir du crâne, c’est bien tout ce qui concerne les membres de son équipe, les faiblesses professionnelles, les tensions relationnelles, le collaborateur en difficulté, le cas d’alcoolisme et… l’inlassable quête de l’« optimisation des moyens humains ». On aura compris que je parle de mémorable expérience. Pourtant, les réorganisations successives et parfois répétées, dont les mutualisations et les dé-mutualisations, avec leur lot d’incertitudes, d’inquiétudes et de souffrances, constituent un sujet impératif. Quelques signes montrent que cette question peut être abordée dans sa pleine dimension, fut-ce par la bande. Des sessions de formation « intra » pour la direction de la communication d’une ville, d’une communauté d’agglomération et d’un département me permettent d’analyser, avec prudence, un phénomène encourageant :
- Derrière la mise à niveau des compétences et des méthodes, notamment celles des chargés de communication et des chefs de projet, émerge, volontairement ou insidieusement, les questions d’organisation et de management ;
- Ces demandes de formation s’inscrivent dans une démarche plus ambitieuse, à la fois de recalage de la direction, à l’interne, et d’amélioration de ses relations avec les services ;
- Au delà, l’objectif immémorial de renforcement de la légitimité de direction de la communication, de son affirmation dans la collectivité, est là. Entre les lignes, mais bien lisible.
Complexes, bien sûr, les R.H. mais « stratégiques », comme nous le disons à foison, et riches d’un véritable potentiel de progrès. Le management s’apprend souvent sur le tas, vaille que vaille. Mais il est clair que le coup de pouce d’une formation, ça vaut le coût.