Irons-nous tous à Canossa ?
Plus ça va, moins ça va ! Décidément, le coronavirus nous fait dire tout et son contraire. Bien sûr qu’il y avait urgence à agir et à réagir devant ce phénomène effrayant qui accable les esprits et nourrit les polémiques, affaiblit les corps et les tue parfois.
Par Pierre Geistel, ancien chargé de communication de la région Nord-Pas-de-Calais.
Appelés à la rescousse, les communicants ont fait ce qu’ils ont pu avec les consignes dont ils disposaient. Comme appliquer ce principe joliment édicté par Cocteau : « Puisque ces mystères nous échappent, feignons d'en être les organisateurs. »
Ce qui ne justifie pas, et de loin, l’agitation qui secoue les officines politiques, scientifiques et médiatiques, ni ce flot impétueux de faits, de gestes, de mots et de verbes contradictoires qui donnent le mal de mer : il est ivre le grand bateau des éditions spéciales.
En janvier, une ministre se dit informée des ravages à venir mais pas écoutée en haut lieu. Nous fûmes confinés en mars et en même temps appelés à sortir au nom du devoir civique. Les masques, d’abord inutiles, deviennent peu ou prou obligatoires. Le confinement a freiné le virus, mais pour déconfiner avec moins de risques, il eût fallu qu’il circulât partout…
Tout et son contraire : d’aucuns semblent prendre plaisir à allonger la liste… Un jour, sans doute, disposerons-nous de vérités suffisantes pour tirer les leçons (une morale ?) de cette période, troublante comme la science-fiction, effrayante comme un OVNI (obscur virus non identifié).
Et nous, pauvres communicants, passeurs de messages discordants, devrons-nous tous aller à Canossa ? Risquons-nous l’excommunication pour les communications erronées que nous aurions pu commettre… de bonne foi ?
La tentation de nous faire porter le chapeau n’est pas nouvelle, c’est même de bonne guerre. Communicants, mes frères, à nous de montrer que, de Grégoire VII au pape François, de l’empereur Henri IV d’Allemagne à nos dirigeants européens d’aujourd’hui, le monde et les moulins à vent ont changé.
Ni Don Quichotte, ni chevaliers blancs, nous faisons, comme beaucoup, de notre mieux pour aider à surmonter une crise sans précédent. Un « test d’humanité », selon Franck-Walter Steinmeier, président de la République fédérale d’Allemagne, en pointe dans ce combat. Soyons humanistes.