La voix est-elle l’avenir de la communication ?
Sites web, réseaux sociaux, applications mobiles, chatbots… Bientôt tous ces outils seront-ils dépassés ? Prenez la voie de la voix : c’est peut-être la communication de demain.
Par Marc Cervennansky @Cervasky
- Marc, réveille-toi, il est 7 heures. Aujourd’hui un soleil radieux t’attend. Mais il fera seulement une température de 7° à 8 heures. Pense à mettre une petite laine avant de sortir sinon tu auras gavé froid.
J’ouvre difficilement les yeux, la tête reste enfoncée dans mon oreiller.
- Marc, je viens de mettre en route la cafetière. Ton café sera prêt dans 3 minutes. Je te rappelle que tu as rendez-vous au service état civil de la mairie à 8h30. Le plus rapide pour t’y rendre est de prendre le bus 24 à 8h05 jusqu’à l’arrêt République.
Je me lève et marche au radar vers la cuisine où m’attend une tasse de café fumant.
Marc, Bordeaux vient de mettre en ligne le dernier numéro de son magazine municipal. Souhaites-tu que je le projette et que je t’en fasse la lecture ?
OK Google.
Je viens de répondre à une machine, un boîtier installé dans mon logement. Un boîtier qui est branché sur ma vie quotidienne, m’assiste, me lance des rappels, me conseille, me propose d’effectuer des achats en ligne… et m’écoute, en permanence.
L’avenir ? Le présent déjà pour beaucoup. Apple a été un des précurseurs avec son assistant vocal sur l’iphone. Amazon a développé Alexa avec son enceinte Echo et Google, après l’avoir conçu pour les smartphones sous Android, le propose depuis quelques mois sous forme d’enceinte connectée : Google Home.
Si vous ne l’avez pas acheté, vous en avez très certainement vus via des publicités, lors des dernières fêtes de Noël, ou en démonstration dans les magasins de la grande distribution. Actuellement l’assistant vocal est même proposé en promotion, couplé à des abonnements à un service de streaming musical Deezer ou en cadeau avec un célèbre quotidien du soir.
Google affirme ainsi avoir vendu en janvier 2018 10 000 exemplaires de son assistant vocal.
Derrière l’aspect ludique de ce nouveau service domestique, se profilent aussi certaines craintes, comme c’est souvent le cas lorsqu’une innovation technologique entre dans le quotidien de chacun.
Les humoristes Catherine et Liliane l’illustrent très bien dans un de leurs sketchs : “On se fait chier à acheter des rideaux, des volets, des serrures, des portes blindées… pour que le voisin ne sache pas ce qu’il se passe chez nous. Et on achète un objet qui enregistre toute notre vie privée, envoyée à l’autre bout de la planète”
Vous avez beau fermer la porte, ils entrent par la fenêtre
C’est la grand force de Google et des GAFA en général : vous avez beau fermer la porte, ils entrent par la fenêtre… ou presque. L’objectif est clair : sous prétexte de vous faciliter la vie, il s’agit de toujours enregistrer plus d’informations et de données personnelles sur vous pour établir des profils toujours plus précis. Et tout cela avec votre consentement, plus ou moins conscient.
Vous apprendriez que des micros ont été installés à votre insu dans votre domicile, vous crieriez au scandale. Aujourd’hui vous payez un objet pour qu’il vous écoute 24h/24.
Certes, il a un look rassurant, une forme sympathique, proche de celles des enceintes connectées qui équipent peut-être déjà votre salon. Plus besoin de taper sur le clavier de votre ordinateur ou votre smartphone : vous n’avez qu’à dicter votre question ou votre demande : "Google quel temps fera t-il cet après-midi ?", "Siri quel est l’horaire de la prochaine séance de cinéma ?", "Alexa, annonce aux enfants que le repas est prêt…"
Mais ces assistants vocaux ne font pas qu’enregistrer vos demandes, ils vous écoutent en permanence, même quand vous ne voulez pas vous adresser à eux. Et que font-ils de vos conversations privées ou tout autre bruissement et soupir ? A priori rien. Mais en sommes-nous vraiment sûrs ? Il a déjà été démontré qu’il était techniquement très facile de hacker ces appareils et de récupérer à distance des enregistrements sonores.
Les assistants vocaux dans la panoplie des outils de communication publique ?
Pourquoi vous parler de tout cela dans cette chronique ? Parce que ce qui peut paraître inquiétant aujourd’hui sera peut-être entré dans les mœurs demain et devenu anecdotique. Parce que bientôt, peut-être, ces assistants vocaux entreront dans la panoplie des outils de la communication publique.
Aujourd’hui Google Home est réservé à des services marchands. Demain, une collectivité pourrait investir ce type de terminal pour rappeler à ses habitants de ne pas oublier de sortir leur poubelle, parce que le camion des éboueurs - connecté - va passer dans 5 mn, énumérer le menu de la cantine des enfants, proposer de prélever sur le compte bancaire le paiement de la prochaine sortie du centre de loisirs… rappeler qu’il faudra aller voter dimanche.
Fiction, gadget, effet de mode, futur probable ? Au-delà de la méfiance légitime que peut susciter ce type d’objet connecté, il convient de prendre en considération le réel développement de la voix comme nouveau medium de communication. Il deviendra peut-être à terme incontournable pour tout bon communicant.
En guise de conclusion, je m’en remets à Golden Moustache et son expérimentation du système Siri d’Apple :
Photo : Kevin Bhagat sur Unsplash