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Philémon, le naufragé du C comme Covid

Publié le : 9 juin 2020 à 11:36
Dernière mise à jour : 12 juin 2020 à 11:17
Par Yves Charmont

Sous l’angle onirique de la célèbre BD de Fred sortie en 1972 (« Philémon, le naufragé du A » – tome 2 – Dargaud), l’épisode Covid-19 tourne autour d’un grand C. Son scénario combine les mots-clés commençant par « C », des mots dont le sens sera modifié pour longtemps.

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Il ne s’agit pas du nombre d’or et des pyramides d’Égypte, mais avouez que c’est stupéfiant. Le grand ordinateur du monde aurait-il bloqué sur « C » ?
Alors partons avec Philémon sur le fil des mots ! Et embarquons sur un étrange radeau médusant, le…

coronavirus

Avec son avatar masculin puis féminin la Covid-19 (le mot serait-il aussi versatile que le virus ?), le coronavirus entre en scène fin décembre / début janvier. « Coronavirus » désigne une forme de virus entouré d’une couronne de protéine. Il y en a pléthore. Mais celui-là sort du lot, son nom commun est devenu propre, c’est LE Coronavirus. Demain il restera dans les esprits, indissociable de cette pandémie. Et tout avait commencé en…

Chine

Je ne sais si c’était l’année du rat, ou du dragon… en tout cas ce fut l’année du pangolin ! Et la gestion du début de l’épidémie dans ce grand pays provoqua des réactions vives à propos des mensonges à son sujet, mais aussi une certaine reconnaissance sur la manière dont il a su gérer la…

crise

Car c’est bien une crise sanitaire qui finalement a fait le tour de la planète, avec son corollaire économique. Demain, nous combinerons la pandémie avec la catastrophe d’un monde à l’arrêt, rues vides, activités réduites au minimum. Ce sacrifice énorme, au nom de la vie, fut consenti collectivement pour mener le…

combat

Et se battre avec toutes les armes possibles contre un ennemi invisible et imprévisible. Le président de la République l’a dit : nous sommes en guerre. Mais quelle « drôle de guerre » que celle-ci ? dont la majorité des acteurs (pas les soignants ni les actifs de la « première ligne ») étaient en lutte, stagnant, dans le canapé de leur salon. Le vocabulaire militaire d’hier est aujourd’hui enrichi d’une nouvelle technique, passive, civile, le…

confinement

On connaissait bien sûr les espaces confinés, des lieux peu fréquentables, trop petits, étouffants. Mais après ces deux mois, tout le monde a su ce qu’« être confiné » signifiait. Certains y trouvèrent une source d’inspiration, d’autres une source de crispation, mais tous acceptèrent cette assignation à résidence avec résignation, car il s’agissait de freiner la…

contamination

Elle semble toujours quasi inéluctable, juste contenable. Comme le mot contaminé, elle cache une certaine ambivalence : cette contamination fait prendre le risque de développer des complications sévères, mais elle immunise en même temps, pour un certain temps. On comprendra que, de toute façon, en toute « résilience », il faudra y passer, mais le plus tard possible. Alors on regarde avec anxiété les…

Fred © Dargaud, 2020

clusters

En espérant qu’ils seront contenus. Pas de chance pour ceux qui utilisaient ce mot dans le sens de « concentration géographique et interconnectée d’entreprises ». À partir de maintenant, un cluster est un foyer d’infection, que nous cherchons à contrôler. Le contrôle, justement, que nous sommes prêts à accepter des autorités. Un contrôle que nous nous appliquons à nous-mêmes depuis plusieurs mois. Car pour se protéger on essaie de maintenir des gestes barrières pour éviter tout…

contact

Ce mot vient de subir une chirurgie lourde. Imaginez, nous disions encore : « Contactez-moi ! » On donnait des coordonnées pour se contacter, on allait au contact. On avait, il faut l’avouer, de nombreux contacts. Mais désormais, c’est le sans-contact qui triomphe. Pas touche. Bas les pattes ! Les écrans tactiles seront bannis avec autant de force que tonton Roger (très tactile aussi). En fait, pour entrer en relation, on évitera le contact et on privilégiera la…

connexion

Ça au moins c’est hygiénique. Le numérique s’est mis à résonner de l’ensemble des échanges humains pendant ce long confinement, en visioconf, en téléphone par IP, en streaming, par messagerie. À tel point que le manque de connexion fut une souffrance lorsqu’il intervenait. Demain, la connectivité, le débit, la fibre, deviendront un critère majeur dans les choix de lieux de vie. C’est la revanche des courants faibles sur les courants forts. La victoire du tout-numérique. Mais sur les réseaux sociaux déferlèrent aussi une série d’infox, de faits alternatifs qui ont largement alimenté la théorie du…

complot

Car, c’est évident, tout un tas de réseaux obscurs contrôlent, provoquent, profitent, manipulent. Avec, au final, un asservissement global ou une destruction totale. Au choix. « On vous l’avait bien dit, c’est la fin du monde. » En tout cas cela y ressemblait pas mal, avec des biches dans les rues des villes comme dans les films catastrophe avec des survivants. Dans ce brouillard médiatique, quelques collapsologues donnaient au moins un sens, des repères, assis sur une cuve d’eau de pluie, fourche à la main. Et pour ceux qui ne souhaitaient pas sombrer dans la déprime post-apocalyptique, nous avons eu le feuilleton de la…

chloroquine

Le point commun avec l’affaire Seznec, c’est que ce feuilleton risque bien de ne jamais trouver d’épilogue. Finalement, en faut-il un ? C’est comme une bonne série hospitalière, il faut un maximum de rebondissements, des renversements d’alliances et un professeur charismatique ! Ce Didier Raoult – qui fait un sacré raout, soit dit en passant –, c’est notre docteur House et il joue son rôle médiatique ! Le reste, pfff, c’est de la…

communication

Que le dieu de la com publique me pardonne d’avoir utilisé ce mot dans ce sens ! Mais il faut bien l’avouer, il a été évoqué comme cela plusieurs fois, surtout accolé au mot… cafouillages. Mais pouvait-il en être autrement ? Le relais de la parole publique varie avec cette dernière et on ne peut pas reprocher à ceux qui ont œuvré dans la tempête d’avoir manqué à l’appel. Soyons honnêtes jusqu’au bout, on a tout autant salué – je dis bien salué – l’excellente communication des ministres taïwanais, sud-coréens, néo-zélandais, grecs, etc. Ne l’oublions pas. Il en a été de même dans les territoires, pour des professionnels de la santé, des élus, des responsables administratifs. Des messages, des campagnes de communication y ont été cités en exemple. Finalement la com publique n’aura peut-être pas à pâtir des changements de sens des mots en « C ». C’est plutôt rassurant pour…

Cap’Com

Qui a quand même choisi l’année 2020 pour devenir une… coopérative !

Allez, Philémon, allons jusqu’au phare-hibou et marchons sur son faisceau lumineux jusqu’à la prochaine île, quelle qu’elle soit.

Moi je parie sur le T !