Retrouvailles et sobriété heureuse : les tendances des vœux 2023
Bien secoué après deux années de crise sanitaire synonymes d’annulations plus ou moins anticipées, le marronnier des vœux perdra-t-il encore quelques feuilles supplémentaires en 2023, emportées par le vent des économies budgétaires ? Non, car les communicants publics, habitués à jouer les équilibristes, s’apprêtent une nouvelle fois à s’adapter.
« Nous sommes désormais des managers du changement perpétuel », résume Dimitri Foltran, dircom de la ville de Colomiers (Haute-Garonne), en réponse à la question de Cap’Com « Comment envisagez-vous les vœux 2023 dans votre collectivité ? ». « Nos équipes doivent répondre à de nouveaux enjeux en très peu de temps, faire preuve d’une agilité permanente. » Confrontés à une succession de crises qui les conduit à faire autrement et/ou avec moins de moyens, les communicants publics réinventent le traditionnel rendez-vous de début d’année. Chacun avec ses recettes.
« Un vrai besoin de se retrouver »
Annulées longtemps à l’avance en 2021, souvent au dernier moment en 2022, les cérémonies signeront, en 2023, leur retour sur les agendas des collectivités. « C’est un moment fort, en proximité », justifie Mary Mackay, chargée de com de Pays Montbéliard Agglomération (Doubs). « On ne pouvait pas faire l’impasse après ces deux années d’annulation, il y a un vrai besoin de se retrouver. »
La grande majorité des communicants consultés organisera donc une cérémonie à destination des citoyens ou des forces vives du territoire. La ville d’Aytré (Charente-Maritime) a même décidé de lancer, pour la première fois, une invitation à ses 8 000 habitants. « Ce n’était pas une habitude. Mais la nouvelle équipe élue en 2020, arrivée presque à mi-mandat, a souhaité présenter ses vœux à la population », explique Stéphane Doucinot. « Afin d’optimiser les moyens, on regroupe l’événement avec les vœux aux associations et l’accueil des nouveaux habitants. »
Une nécessité pour les agents
Autre impératif : renouer la relation avec les agents. En 2023, pas question de sacrifier la cérémonie de vœux au personnel. « On reprend l’organisation d’une soirée début janvier car on s’est rendu compte qu’après deux années de suspension à cause du Covid, précédées de deux années de fête du personnel réduite à un apéro-galettes, il est grand temps de recréer du lien entre agents à travers un temps plus long et plus festif », indique Valentine Decoin à la mairie de Fosses (Val-d’Oise).
Dans la communauté de communes de la Dombes (Ain), le budget alloué à l’événement a même plus que doublé : « Avant, nous étions seulement sur un repas festif entre midi et deux. Cette année, nous organisons une soirée festive, avec un budget dédié à l’animation, ce qui n’avait jamais été le cas », témoigne Adelyne Zegna-Rata. « L’objectif affiché est que les agents se rencontrent. On doit retrouver une cohésion, avec plusieurs embauches ces derniers mois et des agents qui se voient moins en raison du télétravail. »
Un rituel réinterrogé
Alors, indéracinable, le marronnier de la cérémonie de vœux ? Pas forcément : « Pour moi, ces dernières années ont surtout remis en question la pertinence des cérémonies de vœux », estime Marion Weber-Massenat, responsable communication de la communauté de communes Plaine d’Estrées (Oise).
Dans une autre communauté de communes, Sud Estuaire (Loire-Atlantique), 2023 marquera la fin des vœux… en janvier : « On a constaté depuis plusieurs années le peu d’intérêt de la population pour cet événement, les associations et entreprises se déplaçaient de moins en moins », argumente Émilie Fleuret-Lambert, responsable communication. « L’événement est remplacé par un mot du président lors des cérémonies communales et par un événement créé en direction des entreprises. Ce ne sont plus des vœux, car ce temps fort est organisé en avril, une période un peu moins chargée pour ces dernières, mais la forme est à peu près la même. »
Sobriété heureuse et débrouille
Dans un contexte de forte inflation et de crise énergétique, l’organisation des cérémonies s’inscrit dans un cadre budgétaire souvent contraint. « Le temps de la sobriété heureuse doit guider nos actions », observe Dimitri Foltran. « Nos élus montrent l’exemple tout en maintenant les événementiels majeurs. » À Colomiers, la simplicité volontaire popularisée par Pierre Rabhi s’appliquera au buffet : le cocktail dînatoire sera remplacé par un apéritif d’Occitanie pour l’événement institutionnel, des galettes républicaines et des chocolats chauds seront servis aux agents. Avec des économies substantielles à la clé. À Fosses, « on ne fera pas dans le grandiose, mais dans la débrouille ». « Cette année, on ne m’a demandé qu’une chose : un traiteur. Surtout pas de fioriture », ajoute Marion Weber-Massenat. En Dombes, la communauté de communes a dû réduire la voilure : « La véritable contrainte sera en termes de place. Les grandes salles de notre territoire seront fermées pour cause de restriction budgétaire. Nous nous rabattons sur une salle plus petite et limitons donc le nombre d’invitations. »
Des vœux dépoussiérés
Enfin, le cru 2023 ne rompt pas complètement avec les deux années précédentes. « On prend le meilleur d’avant le Covid et le meilleur du Covid, en termes d’innovation de communication, bien sûr », synthétise Mary Mackay. « Côté com interne, ça veut dire des rencontres en décembre entre la direction générale et les agents sur les différents sites avec une remise de cadeaux. Côté com externe, c’est une campagne d’affichage et radio pour s’adresser à la population, ce que l’on ne faisait pas avant. » Et cette année les cartes de vœux et les invitations aux cérémonies sont dématérialisées via une plateforme numérique qui permet de personnaliser son message. Le marronnier n’a pas perdu ses feuilles ; on en voit même de nouvelles pousser.