Fallait pas partager !
« Si le président Macron ne s’est pas encore rendu à Rouen, c’est parce que nous attendons les résultats complets des analyses, la sécurité du président doit être assurée. » Vous l’avez peut-être lue sur les réseaux sociaux, cette déclaration de Sibeth Ndiaye sur BFMTV. Vous avez peut-être vu aussi que cette information est une infox ou fake news. Avant de partager, il fallait vérifier !
Par Marc Cervennansky.
@Cervasky
Rapide rappel des faits : un incendie détruit l’usine de produits chimiques Lubrizol, le 26 septembre 2019 à Rouen. Un épais nuage de fumée couvre la ville et la région, provoquant interrogations et inquiétudes quant à la dangerosité des retombées. Un double discours des pouvoirs publics se veut rassurant tout en appliquant le principe de précaution. La presse pointe du doigt le décalage entre les mots employés par les membres du gouvernement et la réalité du terrain.
Rumeurs et fausses informations circulent rapidement sur les réseaux sociaux. Parmi ces messages, un retient mon attention. Il peut paraître anecdotique, mais il est symptomatique. Parce qu’il a rapidement et massivement été partagé, sur Twitter et Facebook, le 3 octobre dernier, et pas par n’importe qui.
Repéré sur mes fils d’actualité Facebook et Twitter, il a été relayé par quelques-uns de mes amis et des personnes que je suis, notamment dans le cercle des communicants publics.
Je suis forcément interloqué à la lecture de ces prétendus propos de la porte-parole du gouvernement. C’était d’ailleurs le but de ce faux message. Quoi que l’on pense de Sibeth Ndiaye, ça n’est pas la première fois que ses – vrais – propos suscitent la polémique dans les médias.
Faire réagir plutôt que faire réfléchir
Dans le contexte particulier de la catastrophe de Rouen, où il est avéré que la communication de crise a particulièrement été mal gérée, évoquer la visite tardive du président de la République, en raison de sa sécurité qui doit être préservée – comme si elle était de fait plus importante que celle des centaines de milliers d’habitants de la région de Rouen –, avait de quoi faire réagir.
Ce qui constitue bien un ressort des réseaux sociaux : faire réagir plutôt que faire réfléchir.
Bref, étonné par l’énormité du propos, plutôt que de partager sous le coup de l’émotion et commenter à mon tour cet extrait de l’interview du jour, je préfère au préalable examiner le replay de l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur le site web de BFMTV.
Chou blanc, après avoir visionné l'intégralité de l’entretien : aucun propos sur la visite du président à Rouen. Premier indice permettant de douter de la véracité du message.
Second contrôle, le compte Twitter de BFMTV où aurait été publié le message incriminé et donnant lieu au buzz du jour. J’ai beau parcourir le fil Twitter, rien non plus. Certes, BFMTV aurait pu entre-temps supprimer son tweet, mais quel intérêt, surtout pour un média d’info continue, qui est plutôt en recherche d’audience permanente ?
Finalement, ce fameux tweet est un montage, et cette déclaration n’a jamais existé. En deux clics, c’était facile à vérifier. D’ailleurs, Le Monde a publié le lendemain un article sur la prétendue « perle » de Sibeth Ndiaye.
Moralité : vérifiez toujours l’information, surtout si elle interpelle et vous étonne, avant de partager.
