Faut-il quitter TikTok avant même d'y être présent ?

Le couperet est tombé le 24 mars 2023 : le ministère de la Transformation et de la Fonction publique, en référence à TikTok, a publié un communiqué de presse annonçant : « Après une analyse des enjeux, notamment sécuritaires, le gouvernement a décidé d’interdire dorénavant le téléchargement et l’installation d’applications récréatives sur les téléphones professionnels fournis aux agents publics. »

Quelques jours avant, le 20 mars, les députés de l'Assemblée nationale ont reçu un mail les mettant en garde contre l’utilisation de TikTok, WhatsApp, Telegram, Snapchat ou encore Instagram. Les élus sont même invités à désinstaller ces réseaux sociaux de leurs appareils puisqu'ils favoriseraient la diffusion d'informations jugées sensibles ou confidentielles.

TikTok est ainsi depuis quelques mois au cœur d'une polémique internationale, liée à ses origines chinoises.

Des interdictions qui s’enchaînent

Que se cache-t-il derrière ces interdictions qui s’enchaînent ? Il s’agit bien ici d’une guerre économique, une lutte d’influence entre Washington et Pékin, voire entre l’Occident et la Chine.

Le gouvernement fédéral des États-Unis et la Commission européenne ont déjà interdit l’utilisation du réseau social sur les smartphones de leurs employés. Une douzaine de pays dans le monde ont pris des mesures similaires.

Il ne s'agit pas tant de dénoncer les méfaits de l'algorithme de TikTok ou de la récupération des données personnelles à des fins commerciales. Facebook, Instagram, YouTube ou Twitter le font depuis longtemps, et cela ne semble plus émouvoir grand monde.

Les enjeux qui entourent TikTok sont avant tout de nature politique et stratégique, car l'application est soupçonnée de collecter et de transmettre les données des utilisateurs de smartphones à l'État chinois, malgré les dénégations de l'entreprise.

Paranoïa, manipulation de la part des réseaux sociaux américains agacés par la concurrence asiatique, ou réel danger de sécurité nationale ? Les GAFA prônent la libre concurrence mais la détestent quand elle ne vient pas des États-Unis.

« Des dérogations pourront être accordées »

Avec 2 milliards d’utilisateurs dans le monde et 15 millions en France, renoncer à l’application préférée de la génération Z n’est pas une évidence pour ceux qui l’utilisent déjà.

D’ailleurs le communiqué de presse du ministère français publié le 24 mars précise que « ... des dérogations pourront être accordées à titre exceptionnel pour des besoins professionnels tels que la communication institutionnelle d’une administration ».

Toujours actif, le compte TikTok du gouvernement compte un peu plus de 26 000 abonnés. Lancé en septembre 2020, il a communiqué sur la prévention du Covid-19 ou la lutte contre les discriminations.

Distinguer l’application et son usage

Cruel dilemme pour les communicants publics, ceux qui sont déjà présents sur TikTok et ceux qui comptaient y aller prochainement pour le compte de leur collectivité.

D'un côté, TikTok offre une opportunité unique de se connecter avec un public jeune et réactif, difficile à atteindre par les médias traditionnels. L'application est aussi l'opportunité de créer du contenu original, propice à l'intérêt et l'engagement des utilisateurs.

Mais TikTok présente des risques réels pour la souveraineté numérique et la sécurité nationale des pays qui l'utilisent.

Quoi qu’il en soit, il convient d’être attentif aux évolutions juridiques et politiques qui concernent TikTok au niveau national et international.

À ce jour, les collectivités territoriales ne sont pas concernées par l’interdiction de posséder TikTok sur les smartphones professionnels de leurs agents.

Dans l'immédiat, il est utile de distinguer l’usage de TikTok et la présence de l’application sur vos smartphones professionnels.

Si vous souhaitez atteindre une audience jeune mais n'avez pas accès à l'application, vous pouvez toujours élaborer et diffuser des campagnes d'information payantes en vous appuyant sur les services d'une agence.

Illustration : montage d’après une photo de OSPAN ALI sur Unsplash.