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Langage clair : rendons l’info vraiment publique !

Publié le : 20 mars 2025 à 07:07
Dernière mise à jour : 20 mars 2025 à 14:19
Par Gaud Menguy

Le mois d’avril approche, et avec lui le prochain numéro du magazine de ma collectivité. Angoisse de la page blanche. Et pour cause, au sommaire : un dossier sur le transfert de la compétence assainissement des communes vers la communauté de communes, effectif depuis peu. Mes doigts commencent péniblement à taper quelques mots sur le clavier. Et quels mots ! La valse des termes techniques : schémas directeurs, DSP, lagune, SPANC, et j’en passe. Que peut comprendre l’usager ?

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Par Gaud Menguy, chargée de la communication de Brocéliande Communauté et membre du Comité de pilotage de Cap'Com.

Alors que je préparais l’atelier langage clair pour le dernier Forum Cap'Com, je vous ai lus les uns et les autres. Je nous ai lus :

  • Nous avons invité les jeunes parents à fréquenter le LAEP, et à prendre contact avec le RPAM, pour trouver un professionnel de l’accueil individuel ou un mode d'accueil collectif pour leur jeune enfant.
  • Nous avons inauguré de nouveaux centres aqualudiques.
  • Nous avons encouragé les habitants à aller déposer leurs déchets dans les centres de recyclage.
  • Nous leur avons présenté de nouveaux réseaux de cheminement.
  • Et mon préféré : le projet d’apaisement de la circulation pour une meilleure cohabitation des modes de déplacement.

J’imagine que vous vous reconnaissez au moins un tout petit peu dans cette description. Si cette liste peut prêter à sourire, elle pose néanmoins une question. Pourquoi nous, chargés de communication, bien que convaincus du rôle pédagogique que nous avons à jouer auprès des citoyens, continuons-nous à utiliser ce langage ? Où sont les blocages ?

N’aurions-nous pas simplement pu aider les parents à trouver une nounou ? Informer les habitants sur les horaires d’ouverture de la piscine ? Leur indiquer les projets de pistes cyclables et les nouvelles limitations de vitesse dans les centres-bourgs ?

Pour plus de démocratie

Car, au-delà de tous ces termes, de tous ces acronymes, la véritable question qui se pose, c’est celle de permettre aux habitants, citoyens, contribuables de prendre part au débat public. Utiliser un langage clair, c’est réduire les barrières à la participation démocratique. Nous devons nous efforcer de rendre les idées accessibles à tous les citoyens, indépendamment de leur niveau de connaissance ou de leur expertise. En la matière, la séquence politique que nous avons vécue pendant la campagne des législatives anticipées de juillet 2024 était particulièrement parlante. Le vote pour le Rassemblement national a progressé de 17 points entre 2022 et 2024, atteignant 45 % chez les personnes ayant un niveau inférieur au bac, alors qu’il n’est « que » de 20 % chez les personnes ayant bac + 2 ou plus ? Bien sûr, il ne faut pas être réducteur, d’autres facteurs sociologiques entrent également en jeu (1).

Les médias ont beaucoup mis en exergue la manière dont le Rassemblement national s’est saisi des réseaux sociaux ? Au-delà du canal, ne serait-ce pas le langage sur lequel nous devrions nous pencher ? Erwan Lecœur, sociologue et politologue spécialiste de l’extrême droite, que nous avons eu la chance d'entendre s’exprimer au sein du Comité de pilotage de Cap Com entre les deux tours des législatives, indiquait que les mots utilisés par les partis « traditionnels » avaient créé un entre-soi, et que le président du Rassemblement national avait gagné la guerre du langage.

Pourquoi pas nous ?

On accuse l’extrême droite de véhiculer des idées simplistes. Peut-être. C’est à chacun d’en juger. Mais pensez-vous réellement que langage simple signifie idées simplistes ? Pour ma part, je crois que non. Si l’on sort de la sphère politique, on constate que de nombreux scientifiques sont capables d’exprimer des idées et concepts extrêmement complexes avec beaucoup de pédagogie. Alors pourquoi pas nous ?


(1) Source : analyse du premier tour des élections législatives 2024 pour TF1 et LCI, 1er juillet 2024.

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