Petite, je voulais être « journaliste-bibliothécaire-photographe-maman »
Neuvième extrait du (presque réel) carnet de bord d'une communicante.
Par Lucille Roué, responsable de la communication de la ville de La Tour-du-Pin.
Vendredi 5 mai 2023, 15h29, depuis mon salon
Cher carnet,
Une fois n’est pas coutume, je vais te raconter un peu de ma vie personnelle au détour d’une réflexion sur mon parcours professionnel. En effet, bientôt les questions de l’orientation vont se poser pour mon fils aîné qui entre en troisième en septembre. Me rendre compte qu’il arrive déjà à cette étape importante et stressante de son parcours scolaire m’a fait me remémorer ma propre route qui m'a amenée à être aujourd’hui dircom. En fait, je suis tombée dans la communication au hasard de la vie... Mais, en y réfléchissant bien, il n’y a peut-être pas tant de hasard que ça car certains souvenirs me mettent aujourd’hui la puce à l’oreille.
Il est vrai que depuis toujours mes centres d’intérêt tournent autour de la com puisque, toute petite, je voulais être « journaliste-bibliothécaire-photographe-maman » : une prévision qui aurait pu faire frémir tous les conseillers d’orientation, et qui est pourtant si proche de ma réalité d’aujourd’hui ! Je me souviens par exemple d'avoir eu très tôt une appétence pour la lecture et la rédaction. Preuve en est, en CM1 j’ai réalisé – en autonomie avec la machine à écrire de mon père et sa complicité pour les photocopies – La Dauphinière, un journal de l’école que personne ne m’avait demandé et que je distribuais, toute fière, à mes camarades. Deux numéros d’une page sont sortis, avec un reportage sur les filles qui faisaient l’équilibre sur le mur à la récré, le témoignage d’instits et même une charade à la fin… j’étais déjà rédac’ chef sans le savoir. Un autre souvenir me revient, celui de me revoir âgée d’environ 10 ans, attendant avec impatience tous les mois le journal municipal dans la boîte aux lettres pour l’éplucher page après page… Ce qui pendant longtemps m’a semblé être une curiosité, voire une bizarrerie pour une enfant si jeune, était avec du recul une réelle vocation.
Et, cher carnet, c’est finalement au détour d’une journée portes ouvertes à l’université que mon chemin s’est éclairé. Pas encore bachelière et bien décidée à entrer en fac d’anglais à la rentrée suivante, j’ai accompagné une amie à la présentation d’une filière au nom énigmatique : « information-communication ». Et là : le choc, la révélation. Bye bye l’anglais, exit mes projets d’approfondir la langue de Shakespeare et de devenir prof : je décide de me laisser porter par mon intuition et de tenter le grand saut vers cette discipline inconnue, mais dont la présentation a tant résonné en moi et qui a fait de moi la professionnelle que je suis aujourd’hui.
Mais revenons à mon fils et à son orientation à venir : plutôt que d’appréhender, j’ai envie de lui faire confiance. Lui qui, petit, voulait être « boulanger-policier », pour « faire du pain le matin et arrêter les voleurs l’après-midi », hésite aujourd’hui à être « acteur, youtubeur ou gardien de foot ». Bizarrement, je ne suis pas inquiète car rares sont les chemins tracés dès l’âge de 14 ans, j’en suis la preuve. Et puis, cher carnet, il faut reconnaître qu’avoir un fils « boulanger-youtubeur » ou « policier-gardien de foot », c’est plutôt précurseur et prometteur !