Une page blanche haute en couleur
Dix-septième extrait du (presque réel) carnet de bord d'une communicante.
Par Lucille Roué, responsable communication de la communauté de communes Les Vals du Dauphiné.
Dimanche 16 février, 10 h 15, depuis mon salon
Cher carnet,
Aujourd’hui, j’ai envie de noircir ce chapitre en te parlant de la page blanche. Ironique ? Un peu. Mais je trouve ça justement tellement amusant !
Phénomène connu de tout rédacteur, souvent crainte, la panne d’inspiration peut apparaître à tout moment et rendre vert de rage le plus aguerri d’entre nous. Surcharge de travail, pensées embrouillées, simultanéité des dossiers à mener, et voici un nouvel édito à faire pour demain ou un script à écrire pour lundi. Comment dire sans se répéter ? Comment se renouveler ? Comment écrire encore différemment dans ce monde qui n’a jamais autant publié de contenus à chaque minute qui passe ? Au milieu de ces interrogations, le mieux est de s’isoler et de se poser afin de se concentrer sur ce nouvel objectif et d’arrêter de broyer du noir.
Depuis quelques mois, l’utilisation de l’IA générative m’apparaît comme un levier pour apporter des idées, amorcer des accroches. Après la peur bleue des premiers instants, je l’ai testée, expérimentée, et me suis plantée. Mais très vite, après avoir compris son fonctionnement, l’usage qu’on peut en faire, comment lui donner des consignes, cet outil m’a permis de décoincer quelques pannes d’inspiration. Loin d’être une spécialiste ni de l’utiliser au quotidien, il faut avouer que l’IA a le mérite de donner l’étincelle au petit-bois que nous avons préparé avec soin en vue d’un bon brasier, sans pour autant avoir d’allumette dans la poche. Cela me rappelle, cher carnet, ces techniques d’« intelligence naturelle » comme l’écriture sous conditions du groupe Oulipo, un groupe littéraire créé dans les années 1960 qui joue sur les contraintes pour libérer la créativité. Des techniques et des exercices qui m’ont aidée – et amusée – bien avant l’arrivée de ChatGPT.
Pour beaucoup la page blanche peut générer du stress, il faut le reconnaître. En revanche, si je me mets à ta place de carnet de notes, cette page vierge peut également se révéler prometteuse, car tout est à écrire. Encore une fois, tout est question de point de vue, bien sûr… et quitte à dire les choses de but en blanc : une boisson est toujours plus agréable à déguster dans un verre à moitié plein, pas vrai ?
